Fertilisation : Ceres chiffre les bonnes pratiques
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Le Cercle Ceres * a tenu le 31 janvier à Paris son deuxième colloque sur le thème de « l'optimisation de la performance économique et environnementale de l'exploitation grâce au système expert Ceres ». Le Céréopa a présenté une étude sur l'impact des changements de pratiques liées à la fertilisation sur les performances techniques, économiques et environnementales de trois systèmes de production agricole. « Un exercice difficile, compte tenu de la variabilité des paramètres prix, rendements, contexte pédoclimatique…, reconnait Aline Lapierre, du Céréopa. Toutefois, l'outil de modélisation PerfAgroP3 rend possible la comparaison des pratiques, toute chose égale par ailleurs ». Les trois cas-types analysés, représentatifs des systèmes de production, montrent cependant les méthodes de fertilisation raisonnée les plus vertueuses.
Trois changements de pratiques pour chaque modèle agricole
Chacun des cas-types ont été déclinés en autant de scénarios comprenant des modifications de pratiques. Ils ont ensuite été comparés, avec des variables comme l'instauration du pilotage de la fertilisation, l'utilisation d'engrais organiques plutôt que minéraux ou encore l'introduction de légumineuses dans les rotations.
Dans le cas d'un système grandes cultures, le remplacement de la solution azotée par de l'ammonitrate semble offrir le plus d'avantages. Amélioration de la marge globale de l'exploitation de 7 %, gain de 7 % pour la consommation d'énergie et de 12 % pour le bilan d'émission de GES, ramené à l'unité de production (quintal produit). La performance nourricière de l'exploitation progresse de 5 %. Le bénéfice le plus notable concerne les émissions totales de NH3, en baisse de 60 %. Le recours à l'ammonitrate tend cependant à reculer en France. Selon les données Agreste, la part de ce type de fertilisant dans les livraisons d'engrais azotés en culture est passée de 51 % en 2000 à 40 % sur 2016.
La performance est moins intéressante, toujours en systèmes grandes cultures, dans le cas d'une diversification et d'un allongement de la rotation, avec une baisse de 9 % de la marge et une performance nourricière à - 5 %. L'apport d'amendements minéraux-basiques assure un retour à un bilan positif sur ces deux critères (+ 4 et + 5 %), au détriment des émissions de NH3 qui retrouvent le niveau du témoin.
Le troisième système analysé en polyculture-élevage a porté sur l'injection de lisier par pendillards, qui se traduit par une baisse de 10 % des NH3, le bénéfice atteignant 21 % sur ce critère en cas de fosse à lisier couverte. Les autres critères, marge, bilan énergie et performance nourricière sont pratiquement inchangés.
Appliquée à des cas concrets d'exploitations, cette étude présente l'intérêt d'engager une réflexion sur les critères à même de tendre vers des conduites toujours plus raisonnée, en activant les leviers propres à chaque situation.
légende : Aline Lapierre et Philippe Eveillard, directeur agriculteur, environnement et statistiques à l'Unifa
* Ceres : Cercle de réflexion pour une fertilisation efficace et responsable