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Gestion responsable en vigne : les conseils de Bayer

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C'est au château Lamothe dans le Bordelais, ferme de Référence Bayer, que l'équipe du marché vigne de la firme a livré ses recommandations pour la campagne 2017. Mildiou, OAD, maladies du bois, réglementation, bonnes pratiques : le point avec Bruno Chardigny, responsable de la filière vigne, Jean-Luc Dedieu chef marché et Isabelle Ladevèze, ingénieur agriculture durable

Mildiou : OAD et pérennité des solutions

Concernant le mildiou, suite aux fortes attaques observées en 2016, Bayer met en avant les bénéfices de son outil d'aide à la décision Movida. Disposant d'une interface simple, il alerte le viticulteur par mail du risque maladie. Calé sur le niveau de maturité des œufs, il a permis d'appliquer cette année de façon précoce l'anti-mildiou. « Le positionnement est un élément clé car il permet de respecter les durées de protection et l'efficacité du produit, souligne Jean-Luc Dedieu. Bayer a d'ailleurs déposé une demande de validation en fiche CEPP de Movida. L'OAD est utilisé pour évaluer le risque oïdium. « Nous l'avons fait évoluer, poursuit Jean-Luc Dedieu. Le modèle n'est plus fondé sur les observations. La version 2017 va suivre l'évolution de la pression maladie avant les premiers symptômes visuels et en s'appuyant  sur la méthode QPCR, laquelle analyse l'évolution des spores. 700 viticulteurs utilisent aujourd'hui cet outil via leur distributeur. L'objectif est de l'étendre à 25 000.

Quant aux recommandations liées aux produits, elles s'inscrivent dans une stratégie de préservation de l'efficacité des molécules. « Trois modes d'action uni-sites ainsi que les Qii, QoSI et le fluopicolide représentent plus de 50 % des utilisations, notamment en raison de leur profil toxicologique plus favorable », rappelle Jean-Luc Dedieu. Pour préserver Profiler (fluopicolide + fosétyl -Al), classé non CMR, une application maximum par ha et par an à la floraison est recommandée. Et tout programme composé de Qii/QoSI doit intégrer Profiler.


Maladies du bois : des essais concluants

Pour Bayer, les maladies du bois ne sont pas dépourvues de solutions contrairement à ce qui est largement répandu. Jean-Luc Dedieu s'appuie sur les résultats obtenus au bout de cinq ans avec le produit de biocontrôle Esquive sur un réseau de 39 parcelles contaminées. Il relève : une réduction moyenne de 21 % des symptômes foliaires, une réduction significative de la mortalité avec 15 % efficacité soit 42 ceps sauvés/ha/an, une augmentation de 3,0 % du rendement brut à l'ha/an et une rentabilité nette de 404 €/ha/an fondée sur le recul de la complantation et le gain de rendement. Pour limiter le développement de l'Esca, la conduite de la vigne joue un rôle essentiel avec notamment la taille en respectant les flux de sève et la protection des plaies avec Esquive.


Le point sur Luna Privilège et Luna Sensation

Pour les distorsions de croissance liées aux utilisations en 2014 et 2015 de Luna Privilège homologué contre le botrytis, « nous avons traité au cas par cas les réclamations et procédé aux indemnisations », explique Buno Chardigny. Même si le produit ne présente pas de problèmes avec une application précoce et si les causes ne sont pas complètement identifiées, Bayer a décidé de retirer du marché européen Luna Privilège et continue les tests pour mieux identifier les causes des déformations foliaires et des dégâts sur les grappes. Contre le botrytris, deux solutions sont recommandées : Teldor /Lazulie et Serenade Max en biocontrôle. Pour l'anti-oïdium Luna Sensation, Bayer préconise une à deux applications avant la fermeture de la grappe. « Dans le cadre d'une gestion responsable de la maladie et de la molécule, nous préférons ne pas dépasser ce stade. Au-delà, un produit curatif est préférable.


Bonnes pratiques et communication

Autre sujet qui touche le monde agricole : la perception par les riverains des pratiques de traitement. Bayer propose au viticulteur le livret, « c'est avec un raisin sain qu'on produit un vin de qualité ». Il donne des arguments pour expliquer la protection de la vigne. Damien Chambon qui gère avec son épouse le Château Lamothe est familier des visites et des questions sur les pratiques. Ferme de référence Bayer, il a d'ailleurs réalisé nombre d'aménagements, notamment pour améliorer la sécurité des salariés et le respect de l'environnement. Pour lui, l'explication et la communication sont essentielles. Il a lancé en 2015 le principe d'une charte « de bien vivre ensemble », destinée aux riverains. Signée en juillet, il s'engage à les alerter par texto lorsqu'il traite, à respecter les horaires réglementaires 7 h -20 h pour intervenir dans les parcelles. Il s'est équipé de rampes de pulvérisation à jet porté avec buses anti-dérive et coupe jet. Il réfléchit pour 2018 à la pulvérisation confinée.


Photo : Bruno Chardigny, responsable de la filière vigne, Isabelle Ladevèze, ingénieur agriculture durable et Jean-Luc Dedieu chef marché.