Grippe aviaire : de lourdes répercutions pour les producteurs d’aliments
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Un recul de 15,4 % en trois mois. -3 % en décembre, - 19,3 % en janvier et -24,8 % en février. Dans le Sud-Ouest, la production d'aliments dédiés aux palmipèdes gras est fortement impactée par la mise en place du vide sanitaire dans les élevages pour éradiquer la grippe aviaire. Les baisses les plus importantes sont encore à venir. Une situation que commente Stéphane Radet, directeur du Snia.
« Les entreprises fabriquant des aliments pour palmipèdes gras sont très spécialisées, voire le plus souvent dédiées. L'idée même de se rattraper sur une autre filière de production est impossible, ce qui renforce la vulnérabilité de nos entreprises. Notre syndicat estime à, au minimum, 250000 tonnes le volume d'aliments - sur le 1 Mt produit/an - qui ne sera pas fabriqué compte tenu du vide sanitaire simultané qui se met en place dans les 15 départements réglementés. En alimentation animale, pas question de stocker : la production est en flux continu. Les pertes nettes d'exploitation sont évaluées à 8,75 M€ pour une non mise en place de près de 10 millions d'animaux.
Avec un recul de production déjà estimé à 15,4 % en trois mois (140000 t produits contre plus de 161500 t l'an passé sur cette même période), le Sud-Ouest est particulièrement touché. Mais les entreprises implantées dans le Centre-Ouest et en Bretagne sont également impactées, avec une baisse de production respective de 8,9 % et de 11,4 % en trois mois. Les semaines à venir risquent, elles aussi, d'être compliquées, car pour l'heure, il reste encore quelques animaux dans certains élevages. Si le dépeuplement a commencé dès le mois de janvier, c'est entre le 18 avril et le 16 mai, que la mise en place de tout palmipède est interdite. L'enjeu est certes de taille - éradiquer la grippe aviaire - mais rend délicate la conjoncture. Notre secteur d'activité, déjà affecté par les crises dans le lait et dans le porc, est en restructuration continue pour gagner en compétitivité, en logistique, en coûts de fabrication… Le risque de ces crises est que les investissements futurs soient moindres. Or, pour rester compétitifs, ces derniers sont indispensables ».
Rappel du calendrier
- 18 janvier 2016 : interdiction de mise en place de canetons dans les 15 départements de la zone réglementée (Ariège, Aveyron, Corrèze, Dordogne, Gers, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Vienne, Landes, Lot, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne) ainsi que sur certaines communes de l'Aude, du Cantal et de la Charente.
- Ces 18 départements représentent 80 % de la production de foie gras en France, où l'on recense au total 36 millions de canards (chiffre Cifog).
- Les derniers abattages sont programmés pour le 1er mai.
- Suite à l'arrêté du 10 février, la mise en place de tout palmipède est interdite entre le 18 avril et le 16 mai.
- Dans les bâtiments, le vide doit durer au minimum 21 jours, et commencer au plus tard le 2 mai pour les installations de gavage. Il s'achèvera au plus tôt le 16 mai pour les installations de démarrage des palmipèdes de moins d'une semaine avec des animaux issus de couvoirs autorisés.
- La zone de restriction ne sera levée qu'à l'issue d'un programme de dépistage national qui lui, débutera à partir du 2 mai 2016.