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« Il n’y avait pas de variétés tolérantes aux herbicides dans les essais détruits », Arnaud Deltour, Geves

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Le 5 avril, un groupe de 61 faucheurs ont détruit plus d’un hectare de microparcelles de colza du Geves, le groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences, à La Pouëze dans le Maine-et-Loire. Une action pour « dénoncer l’absence de transparence » concernant les cultures ou les essais de variétés rendues tolérantes à un herbicide (VrTH) par mutagénèse que les faucheurs considèrent comme des OGM. Le Geves dénonce un acte de vandalisme porté à un service d’intérêt public et a déposé une plainte. Arnaud Deltour, directeur du Geves, a accordé un entretien à Référence environnement. Référence environnement : Quelle est votre réaction ? Arnaud Deltour : Nous sommes très surpris et déçus de la destruction des essais de colza car nous avons reçu à plusieurs reprises les faucheurs pour leur expliquer notre travail et nos missions. Nous sommes un service public qui dépend du ministère de l’Agriculture en vue de l’inscription des variétés mais dont l’accord dépend du ministère. Les faucheurs ont détruit à l’aveugle des microparcelles où nous évaluions des variétés, où nous faisions des tests de résistance au phoma qui est un réel problème pour les agriculteurs et des contrôles variétaux dans le cadre de la certification pour nous assurer de la bonne qualité des semences sur des échantillons qui n’existent pas ailleurs. Nous avons donc perdu de l’information. Et disons-le, comme l’ont indiqué les faucheurs dans leur communiqué de presse, il n’y avait pas de variétés tolérantes aux herbicides dans les essais d’inscription détruits ! Mais pour nous, ce n’est pas le plus important. Nous sommes choqués du saccage d’un travail d’intérêt public dont le montant est en cours d’estimation et qui sert à l’agriculture française. Si ces actions condamnables persistent, les obtenteurs feront évaluer leurs variétés dans d’autres pays européens qui reviendront dans le catalogue officiel français par celui de l’Union européenne sans être passées par nos services. Or la qualité de notre travail est reconnue partout dans le monde. R.E. : Comprenez-vous les revendications des faucheurs ? A.D. : Légalement et dans les textes, ces variétés ne sont pas des OGM. La mutagénèse, existant également dans la nature, est utilisée depuis plus de 50 ans. Les variétés qui en sont issues couvrent un champ large d’application au-delà de la tolérance aux herbicides. Quant à l’impact sur l’environnement de ces VrTH, les faucheurs sont libres de penser ce qu’ils veulent et de communiquer dessus. Mais pas de détruire des essais. R.E. : Combien avez-vous de VrTH dans vos essais ? A.D. : Je ne peux pas vous le dire, comme pour toutes les autres informations sur les variétés en cours d’études, notre travail est confidentiel. Jusqu’à leur inscription, les variétés sont codées lors de leur évaluation pour assurer toute l’objectivité des résultats. Les obtenteurs eux-mêmes n’ont pas le décodage ni les experts CTPS. Pour sécuriser la qualité de notre travail, nous avons un devoir de confidentialité et d’objectivité. Mais il existe déjà des variétés VrTH sur le marché.