Interdiction du glyphosate : Stéphane Travert demande du temps
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Fin août, Nicolas Hulot a déclaré que la France s’opposera à la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans l’approbation du glyphosate . Mais le ministre chargé de l’agriculture a, depuis, fait part d’une position plus modérée. Interrogé par France 3 Bretagne lors d’un déplacement en Ille-et-Vilaine le 7 septembre, Stéphane Travert a déclaré que, « sur ce dossier-là, nous avons besoin de gérer les choses dans le temps. »
Selon lui, des moyens doivent être dégagés pour que la recherche, l’innovation, puissent trouver des produits de substitution. Si l’objectif est bien d’avoir « un environnement toujours plus vertueux », il faut toutefois savoir comment y parvenir, trouver une trajectoire acceptable « pour que les agriculteurs puissent continuer à travailler. » Il dit s’y employer actuellement.
Incompréhension de la profession agricole
Le ministre chargé de l’Agriculture aurait-il entendu les organisations agricoles ? Depuis l’annonce de Nicolas Hulot, elles appellent toutes, les unes après les autres, le Gouvernement à faire marche arrière. Elles s’étonnent de l’incohérence de cette position d’interdiction du glyphosate avec les orientations du Gouvernement en faveur des stratégies de production durable comme l'agriculture de conservation.
« En l’absence d’alternative, l’interdiction de cette solution remettrait en cause des pratiques en plein développement faisant partie intégrante de l’agro-écologie : non-labour, couvert permanent des sols, cultures intermédiaires… », précise Coop de France. Et l'Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad) d’annoncer « une décision contre-productive » : « En supprimant radicalement un outil plutôt que l’encadrer intelligemment, le gouvernement sera responsable d’un retour à un travail du sol accru et coûteux, qui dégrade les sols, les appauvrit et détruit les processus de régulations biologiques, entretenant ainsi le besoin de recours aux pesticides. Sans compter l’érosion, le déstockage de carbone, les émissions de gaz à effet de serre… à l’encontre même des objectifs de l’accord de Paris ! »
Christiane Lambert veut discuter avec Nicolas Hulot
Lors des conférences de rentrée de la FNSEA, le 5 septembre, et de l’APCA, le 6, les présidents des deux structures, Christiane Lambert et Claude Cochonneau, s’étaient exprimés à l’unisson : « Raisonner et réduire progressivement l’usage de cette molécule, oui. L’interdire totalement et brutalement, non ». Christiane Lambert souhaite que « la raison l’emporte sur l’emballement » et affirme qu’elle évoquera le sujet en direct avec Nicolas Hulot, lors de leur prochaine entrevue trimestrielle.
Un impact évalué à 2 milliards d’euros
De son côté, la Plateforme Glyphosate France met en avant l’impact économique d’un éventuel retrait du glyphosate. Selon un sondage Ipsos réalisé du 9 au 31 mars 2017 auprès de 904 agriculteurs et une dizaine d’experts agricoles, industriels et institutionnels, le coût de ce retrait serait de 2 milliards d’euros.
Plus de 70 % des producteurs estiment que le retrait du glyphosate aurait un impact sur l’organisation du travail et la rentabilité de leur exploitation. Concrètement, les coûts de production augmenteraient tandis que les rendements diminueraient significativement. Les baisses de rendements et le recul des exportations de céréales et de vins qui en découlerait entraîneraient des pertes de 0,90 milliard d’euros pour la filière viticole et de 1,06 milliard d’euros pour la filière céréalière.