Jean-Noël Dhennin, Fnams, « La restriction des produits phytosanitaires constitue un enjeu majeur pour notre filière. »
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La Fnams tiendra son congrès annuel à Nîmes le 9 juin prochain avec pour thème « Semences 3.0 : innover pour s'adapter ». Son président Jean-Noël Dhennin revient sur la campagne en cours et les enjeux pour celles à venir.
Référence-appro : Comment se profile la campagne actuelle ?
Jean-Noël Dhennin : Après la récolte 2016 où la plupart de nos productions ont été impactées par la pluviométrie excessive, cette campagne est pour l'instant plus encourageante. Les surfaces progressent en betteraves, tirées par la demande des sucreries pour rentabiliser leurs outils de transformation ainsi qu'en fourragères. En revanche, la situation est plus mitigée pour les céréales. Les surfaces de production de semences de blé tendre devraient reculer de l'ordre de 8 % sur 2017. Mais cela ne devrait pas profondément bousculer les contrats. En maïs, la production accumule des stocks depuis plusieurs campagnes pour atteindre presque une récolte d'avance. L'AGPM prévoit un recul des surfaces de production de semences pour 2017, amenant la surface totale aux alentours de 56 000 ha. Le nombre de contrats va nécessairement être réduit. Semenciers et agriculteurs doivent discuter. Il s'agit avant tout d'une relation de confiance car les contrats doivent être renégociés chaque année et ne peuvent être pluriannuels.
Référence-appro : Quels sont les dossiers le plus sensibles pour les futures campagnes ?
J-N.D. : La restriction des produits phytosanitaires constitue un enjeu majeur pour notre filière. Une bonne protection des cultures est essentielle car la production de semences requiert des niveaux de qualité très élevés. Le Reglone, qui sert de dessicant à la filière tournesol, est actuellement sur la sellette. La Commission a reporté sa décision à 2018 mais sa possible suppression inquiète notre filière. Même problème pour le glyphosate utilisé à faible dose sur luzerne. Conernant la loi de simplification promise par le nouveau gouvernement, nous espérons que les demandes d'extension d'usage pour les productions mineures comme les nôtres seront plus accessibles. La gestion de l'environnement des parcelles s'avère aussi déterminant. L'exemple de la loi Labbé, qui interdit désormais le désherbage chimique des bords de routes pour les communes, augmente les risques de contamination des parcelles par des espèces étrangères, notamment en production de semences de betteraves.
Référence-appro : Quelles actions menez-vous au sein de la Fnams pour trouver des alternatives ?
J-N.D. : La réponse est dans le thème de notre congrès « Semences 3.0 : innover pour s'adapter ». Nous souhaitons montrer aux agriculteurs comment faire face à ces pressions, quelles innovations sont applicables à la production de semences. Au sein de la Fnams, nous avons déjà entrepris des travaux d'expérimentation sur le biocontrôle avec l'IBMA. Nous venons de lancer des essais de désherbage par robot pour des productions sous abris. Nous adoptons aussi une approche système afin de raisonner plus globalement. L'Inra nous appuie dans cette démarche.