La communication est-elle responsable de l’échec des OGM en France
Le | Agrofournisseurs
Il n’était pas question de traiter du fond du problème (pour ou contre les OGM) mais bien du rôle tenu par la communication dans le refus en France des OGM. Ce débat, proposé par Synthec Conseil en Relations Publiques (1), le 18 novembre à Paris, s’est organisé autour d’une table-ronde avec intervenants… et deux absents remarqués : les représentants de Greenpeace et de Monsanto. Trois idées principales se sont dégagées. La première concerne le poids de l’émotionnel porté par toute question alimentaire, arrivée en plus dans un contexte où l’innovation comme la crédibilité des politiques et des experts venaient d’être mises à mal (affaires du sang contaminé, farines animales). « Nous n’étions pas préparés à ce que ce sujet devienne un sujet de société », a reconnu Delphine Guey, du Gnis. « Les premières communications des industriels sur les OGM ont été assez binaires, d’où du doute et de l’incompréhension. Les industriels ont sous-estimé la rationalité des ONG et leur capacité à avoir une action concertée. C.D.
(1) Structure fédérant des cabinets conseils en relations publiques.
Dès lors qu’un sujet est jugé prioritaire, il fait l’objet d’étude, d’argumentaires… », a développé Laurent Terrisse, vice-président de Max-Havelaar. Si les enjeux ont évolué, notamment l’enjeu alimentaire, il ne faut pas en faire la « fenêtre de tir permettant de reparler des OGM », a repris Marc Dufumier, de l’Inra, qui plaide pour une communication intégrant aussi les risques.
Deux intervenants, qui n’ont pas l’habitude sur les autres domaines de tirer dans le même sens, ont plaidé pour laisser le consommateur comme l’agriculture choisir : Pierre-Alexandre Teulié, secrétaire général du groupe Carrefour, qui a fait le choix de l’étiquetage dans ses rayons et Arnaud Lemoine, directeur de la communication de la FNSEA, qui s’est déclaré « pour la coexistence entre les différentes cultures et pour la liberté des producteurs comme des consommateurs ».
Alors, quelle communication demain ? « Polyphonique, où chacun est crédible dans son domaine (chercheurs, entreprises, ONG…) », a indiqué Louis Orenga, ex-directeur du CIV et responsable de l’association Stratégie et communication collective ; qui comble « l’espace de plus en plus grand entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas »… alors que « de moins en moins de journalistes suivent l’agriculture ou la science, et sont à même de les comprendre ». Une communication qui tienne compte et respecte ses destinataires, contribue à leur compréhension… Car, comme l’a indiqué Laurent Terrisse, « sans contrat social, la politique ne pourra pas imposer les OGM. Il n’y a pas d’intérêt à aller a contrario de l’opinion publique, au sein de laquelle montent les consommateurs responsables ».