La formulation, levier pour le développement du biocontrôle
Le | Agrofournisseurs
Pour améliorer l’efficacité des produits de biocontrôle, la formulation apparaît comme un levier essentiel. C’est ce qui ressort de la journée technique dédiée au biocontrôle organisée par le pôle de bioéconomie IAR, le 24 novembre. La technique de micro-encapsulation s’avère particulièrement prometteuse.
Comme le souligne la nouvelle stratégie biocontrôle du Gouvernement, la réglementation et le manque de formation des utilisateurs représentent des freins au déploiement de ces solutions. Mais il ne sont pas les seuls. « L’un des facteurs limitant est le passage du stade in vitro au champ. Ce qui peut aider, c’est le développement de la formulation », soulignait Jacky Vandeputte, directeur scientifique et responsable innovation et bioéconomie au pôle de bioéconomie IAR, en introduction de la journée technique biocontrôle organisée par le pôle le 24 novembre. Au-delà du choix des micro-organismes ou des substances naturelles pour leurs propriétés, celui des co-formulants s’avère tout aussi primordial pour l’efficacité finale du produit. « Les produits de biocontrôle sont plus fragiles que les produits conventionnels, ce qui les rend plus sensibles, notamment en plein champ par rapport à l’utilisation sous serre. Pour faire exploser le marché des grandes cultures, il faut rendre ces produits performants, et cela passe par la formulation », estime Antoine Devrelle, de l’entreprise Kapsera, spécialisée dans la fabrication de micro-capsules pour les intrants agricoles.
La micro-encapsulation, solution d’avenir
L’une des solutions prometteuses concerne la micro-encapsulation, soit le fait d’enfermer une solution, un micro-organisme ou un produit solide dans des microparticules. Elle contribue notamment à la libération contrôlée des substances. « Des médiateurs chimiques et certaines substances naturelles ont des propriétés similaires aux substances actives chimiques mais se montrent un peu plus volatiles, d’où l’intérêt de privilégier la micro-encapsulation », explique Asma Chebil, chef de projet R&D et formulation chez Elephant Vert. Cette technologie connaît un succès grandissant dans le monde de la recherche et de la R&D. « Les publications scientifiques sur l’encapsulation dans l’agrochimie augmentent ces dernières années », souligne la responsable. Depuis 2016, la Chine a déposé en moyenne 1000 demandes de brevets mentionnant « agrochimie » et « micro-encapsulation » par an, contre moins de 300 les années précédentes.
La performance technique, mais pas aux dépens du coût
Cette technologie a déjà franchi le pas de la R&D. « En céréales, nous avons observé 10 % de biomasse supplémentaire avec un biostimulant encapsulé par rapport à une formulation en poudre mouillable, assure Antoine Devrelle. Des tests avec bactéries montrent que dans trois cas sur quatre, des bénéfices sont enregistrés avec l’encapsulation par rapport à une formulation libre. » Toutefois, pour répondre pleinement aux attentes des utilisateurs, ces solutions doivent remplir d’autres exigences que la seule performance technique. « Le développement de ces nouvelles technologies doit aussi prendre en compte les pratiques des agriculteurs, les impacts des résidus de la formulation », cite Asma Chebil. La question du coût de ces innovations est régulièrement revenue au cours des échanges. « Aujourd’hui, le coût à l’hectare d’un passage d’herbicide ou de fongicide classique est compris entre 20 et 50 €. Pour déployer des solutions de biocontrôle, nous devons développer ces nouvelles technologies de formulation pour le même prix », conclut Antoine Devrelle.