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La gestion de l’azote : efficace et pas cher pour limiter les GES

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Restitution à Paris ce 2 juillet des résultats de l'étude de l'Inra sur la contribution de l'agriculture pour réduire les gaz à effet de serre. Objectif de ce travail qui a mobilisé 22 experts scientifiques : identifier dix actions simples à mettre en œuvre et estimer leur impact économique. L'étude a été commanditée par les ministères de l'Ecologie, de l'Agriculture et l'Ademe. Ces mesures ne sont en rien révolutionnaires et ce n'était pas non plus le but mais elles ont été pour la première fois quantifiées en termes d'atténuation des émissions et de coût.  

Parmi les actions retenues : la gestion de l'azote qui offre la plus forte efficience. Elle passe par le pilotage de la fertilisation azotée, l'implantation de légumineuses ou le raisonnement de l'alimentation azotée des ruminants. Autre levier à coût négatif : la gestion des prairies pour capter le carbone et économiser les énergies fossiles sur l'exploitation. L'alimentation des bovins représente un levier significatif, notamment en remplaçant une part des glucides, fermentescibles, par les lipides, mais son coût est élevé. Cumulées, les dix actions réduiraient les émissions de GES de 32,3Mt eq CO2 par an à l'horizon 2030. Du point de vue de Sylvain Pellerin, chercheur à l'Inra de Bordeaux, « ce n'est pas si mal ! Pour aller encore plus loin il faudra ensuite se tourner du côté du progrès scientifique. »

En pratique

- Deux tiers des actions ciblées ont un coût soit négatif soit très peu élevé, inférieur à 25 euros par tonne eq CO2 évitée.

- Pour les pouvoirs publics, ces mesures donnent un axe structurant, et arrivent à point nommé au moment où vont se construire les mesures de soutien découlant du 2e pilier de la Pac. Elsa Delcombel du ministère de l'Agriculture estime que l'étude apporte des arguments sur l'impact climatique de certaines pratiques agricoles. Mais qu il faut aussi avoir une vision plus globale. Par exemple, la mise en place de bandes enherbées est l'action la plus onéreuse et parmi les moins efficaces au regard de l'atténuation des gaz à effet de serre. Pourtant, elle offre d'autres services environnementaux et pourrait aussi être source de revenu en valorisant sa biomasse. 


Le rapport et le résumé, consultables sur le net.

Photo : Sylvain Pellerin, chercheur à l’Inra de Bordeaux : « Les actions que nous avons identifiées dans notre étude pourraient servir de cadre pour définir des mesures incitatives publiques. La gestion de l’azote est en tout cas identifiée comme un poste à coût négatif et a fort impact pour atténuer les émissions. »