La longue marche vers une agriculture économe en intrants
Le | Agrofournisseurs
Après s’être penché en 2009 sur le concept d’intensification écologique, le Club Adalia avait invité ce 1er avril, à Paris, plusieurs intervenants à échanger sur un autre thème d’actualité : « les innovations en santé végétale pour une agriculture durable ».
Une fois encore, la toile de fond était le plan Ecophyto 2018, qui vise à réduire, si possible, de 50 % l’usage des pesticides d’ici à huit ans et à supprimer progressivement du marché les molécules les plus préoccupantes. « Laissez- nous du temps pour changer nos pratiques, nous ne pouvons abandonner du jour au lendemain les produits de santé végétale » a lancé, Jean-Luc Gandon, vice-président de Champagne Céréales. Y.R.
Photo : Pour Jean-Luc Gandon (Champagne Céréales), au centre, les agriculteurs ont toujours été des facteurs d’innovations et de changements.
Selon lui, les agriculteurs ont toujours été des facteurs d’innovation et de changement. Mais il observe des freins au changement « qui sont techniques et économiques mais aussi psychologiques ». Il voit dans la féminisation de la profession un motif d’optimisme car les exploitantes agricoles « n’ont pas le même passé » que leurs collègues masculins. « Et si la femme était l’avenir d’Ecophyto ? », s’est interrogé malicieusement Jérôme Bonaldi, animateur de la journée Adalia.
L’expérimentation, clé du succès
Alain Montembault, directeur scientifique en charge de recherche et développement de Terrena, est également confiant dans la capacité des agriculteurs à changer leur façon de produire. Fort de l’assentiment de ses adhérents, sa coopérative s’est engagée depuis deux ans dans une agriculture productive mais respectueuse de l’environnement. Les améliorations possibles se situent « dans la rotation des cultures, la lutte intégrée contre les insectes et les maladies, la maîtrise de la qualité, les couverts végétaux, les associations d’espèces et l’entretien de la biodiversité ». « L’expérimentation est l’une des clés du succès pour généraliser les bonnes pratiques », a souligné de son côté Nelly le Corre-Gabens, responsable du service « Environnement » à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA).
Agronomes et sociologues main dans la main
Le sociologue Claude Compagnone, maître de conférences à Agrosup Dijon, a montré, exemples à l’appui, que pour accompagner les agriculteurs vers des systèmes et des pratiques plus durables, « il faut partir de ce qu’ils font actuellement : comment ils raisonnent leurs pratiques, et comment ils élaborent ces raisonnements ». Ses études montrent également que l’articulation des approches agronomique et sociologique des pratiques des agriculteurs est nécessaire pour la compréhension des manières et des conditions de changement des façons de faire des agriculteurs.