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La prise de commande des TS céréales s’annonce tardive

Le | Agrofournisseurs

Alors que les semis de céréales risquent d’être précoces cette année, le passage de commandes des traitements de semences chez les fournisseurs est lui, tardif. Hésitation d’investir sur ce poste, incertitude sur l’assolement, recours plus important aux traitements à la ferme… les raisons sont multiples.

La prise de commande des TS céréales s’annonce tardive
La prise de commande des TS céréales s’annonce tardive

Personne n’a oublié l’automne 2019 et ses semis de céréales fortement perturbés par les pluies abondantes. Dans le monde agricole, le souvenir de l’année passée dicte souvent les conduites menées pour la campagne suivante. Et pour 2020, toutes les prévisions vont dans le même sens : les semis de céréales risquent, si la météo le permet, d’être précoces avec le risque accrus d’augmenter la pression maladies et ravageurs.

Incertitude sur l’assolement

Mais dans un contexte où les trésoreries ont souffert après une récolte 2020 en retrait, certains agriculteurs pensent à faire l’impasse sur les traitements de semences. « Nous entendons effectivement ce discours dans les zones intermédiaires, confirme Virginie Braun, responsable du marché traitement de semences chez SYNGENTA. Avec, en parallèle, une forte demande pour les traitements à la ferme. Difficile d’avoir encore une tendance claire du marché alors que la période des semis démarre. Une chose est sûre : la prise de décision s’annonce tardive. La levée des colzas reste compliquée et bon nombre d’exploitants ne savent pas encore précisément quelle surface de céréales ils implanteront, ni quelle variété. Dans les autres régions de production, nous ne constatons pas de différences de comportement des agriculteurs même si partout, la prise de commande est moins précoce que les autres campagnes ».

Faire l’impasse ? Une hérésie

Pour Didier Garnier, directeur du pôle amont de VALFRANCE, « ne pas recourir aux traitements de semences est une hérésie, notamment en matière de carie. Les normes sont très strictes. Ne pas traiter, c’est s’exposer à une non-vente de sa marchandise. Mais c’est aussi prendre le risque de contaminer les parcelles des voisins avec à la clé, de possibles poursuites juridiques. »

Un fait appuyé par Arvalis, institut du végétal. « Contre la carie du blé et le charbon nu de l’orge, les traitements de semences restent incontournables, confirme Nathalie Robin, responsable du dossier TS chez Arvalis. Même si la carie reste discrète en fréquence, le fort pouvoir de dissémination des spores en fait un ennemi redoutable. La lutte chimique repose aujourd’hui uniquement sur la protection fongicide des semences. Sur orge, le charbon nu est toujours signalé en France bien que peu visible, car c’est l’embryon de la semence qui est infecté. L’efficacité des traitements de semences n’est plus à démontrer. »

Ne pas oublier les ravageurs du sol

Même si le marché principal des traitements de semences reste celui des fongicides, recourir à ces spécialités s’avère également « très précieux pour préserver les semences des attaques de ravageurs du sol : taupins, mouches grises, zabres… Autant de bioagresseurs contre lesquels les autres méthodes de lutte sont soit inexistantes, soit moins efficaces, ou simplement plus difficiles à mettre en œuvre », constate Nathalie Robin.