Référence agro

La production de semences cherche à produire bio et sans phytos

Le | Agrofournisseurs

À quelques jours de son congrès annuel, qui se tiendra au Futuroscope le 7 juin 2019, avec pour thème le changement climatique, la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (FNAMS) a dressé le bilan de la production de semences en France, le 14 mai à Paris.

Production en hausse du bio, poussée par la fin des dérogations

Alors que la production de semences certifiées baisse, avec une diminution de 5 % des surfaces en céréales en 2019 par rapport à 2018, celle des semences bio explose. Les chiffres 2019 ne sont pas encore connus, mais entre 2017 et 2018, la production de semences bio a augmenté de 30 %, atteignant 11 000 ha, dont 5 600 ha en céréales à paille. La fin de dérogations pour le blé tendre et le triticale depuis la fin 2018 devrait contribuer à encore accélérer cette dynamique. « Il y a eu un vrai virage dans la production de semences bio, liée à une volonté politique, notamment de l'INAO, de sortir de plus en plus en d’espèces du système de dérogations », estime Jean-Albert Fougereux, directeur technique de la Fnams. Les dérogations devraient se terminer pour l’orge, les trèfles violet et incarnat en 2019, et en 2021 pour le soja et la luzerne.

Des projets sur la réduction des pesticides et l’agroéquipement

Par ailleurs, face à la réduction des molécules disponibles, la Fnams réagit. Fin 2018, l’organisation a lancé le projet Agrosem. Sur ses trois sites d’expérimentation sont testés des systèmes culturaux de production de semences avec moins, voire pas du tout, de produits phytosanitaires. Toutes les espèces sont concernées : céréales à paille, légumineuses, potagères et betteraves. Autre projet lancé à la même période : Agropass. Avec l’Itepmai, l’Institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles, ainsi que la Chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire, Végépolys et les agro-équipementiers, la fédération se penche sur le désherbage des cultures mineures. Ensemble, ils réfléchissent à la conception d’une plateforme expérimentale qui permettrait aux constructeurs de tester leurs machines. « Ces productions concernent de petites surfaces mais génèrent une forte valeur ajoutée », explique Jean-Albert Fougereux, d’où la capacité pour les agriculteurs concernés d’investir tout de même dans des équipements mécaniques, et pour les constructeurs, l’opportunité de développer de nouveaux marchés.

L’arrêt des néonicotinoïdes pèse sur la production de semences

Autre constat : l’arrêt des néonicotinoïdes fait chuter les surfaces de multiplication de semences  fourragères, de 11,5 %. « Nous avons du mal à gérer les parasites, comme pour le trèfle violet. Les agriculteurs ne trouvent plus aucun intérêt économique à ces productions, malgré leurs atouts agronomiques », regrette le président. Même constat du côté de la betterave porte-graine, pour laquelle l’environnement économique pèse lourdement, mais aussi la gestion de ravageurs comme le lixus, désormais compliquée avec l’interdiction de plusieurs molécules.