Référence agro

La réforme de la Pac version française : emploi et régionalisation

Le | Agrofournisseurs

Emplois et élevage, aides et régionalisation : quatre thèmes largement développés le 18 octobre, lors d’une conférence parlementaire sur l’agriculture organisée par Agnès Le Brun, députée européenne (groupe PPE) et Germinal Peiro, député de Dordogne (PS). Des quelque vingt interventions, on retiendra des points de convergence sur la nécessité de maintenir le budget agricole, de ne pas stigmatiser les agriculteurs, de soutenir l’élevage ou encore de concilier production et environnement. « Il n’y a pas d’ambiguïté, nous sommes pour une agriculture de production », a introduit Germinal Peiro, « la question étant de savoir où placer le curseur »… Et c’est bien là toute la problématique. Plusieurs idées fortes sont revenues dans les échanges, dont celle de la régionalisation des aides. Pour Eric Andrieu, député européen (Alliance des socialistes et démocrates), les fonds européens doivent trouver leur cohérence à partir de projets à mener sur les territoires, la région étant l’échelon considéré comme le plus pertinent. Catherine Deger

Photo : Germinal Peiro, lors de la conférence parlementaire sur l’agriculture, le 18 octobre.

Etat d’urgence pour l’élevage

La vie de nombreuses régions est largement dépendante de l’emploi généré par l’élevage. S’affranchir de coût de matières premières pour l’alimentation passe par plus d’autoconsommation, ont défendu plusieurs intervenants. « Nous sommes en état d’urgence pour l’élevage », a lancé le président de la chambre d’agriculture de Bretagne, plaidant pour « des aides qui aient du sens, en ajoutant un étage spécifique pour l’élevage, à raison de 200 euros/ha. » « Quelle est la légitimité des aides dans les secteurs qui se portent bien », a interrogé un député, proposant de les moduler en fonction des marchés. « Il faut dans ce cas revoir la fiscalité pour que les agriculteurs puissent thésauriser les années où cela va bien », a indiqué le sénateur Jean Bizet (UMP).

Réguler les marchés

« Les aides ne représentent que 15 % de l’activité agricole, la vraie question est celle de la régulation des marchés », a resitué Jacques Pasquier, de la Confédération paysanne. Le carcan de l’OMC d’une part, l’impact des marchés d’autre part, ont été soulignés. Plus proches des moyens d’actions des parlementaires dans le cadre de la future Pac, les critères de convergence des aides pourraient être adaptés pour les exploitations les plus fragiles, particulièrement en élevage et polyculture-élevage. Une proposition sera défendue par la France lors du prochain Conseil des ministres de l’Agriculture, à Bruxelles, les 22 et 23 octobre : un doublement de la prime pour les 50 premiers hectares.

Ils l’ont dit

Eric Allain, directeur général, DGPAAT, ministère de l’Agriculture : « Dans le principe et les pratiques il y a une vraie synergie entre performances environnementale et économique. Il faut renforcer l’innovation et sortir d’une logique de contrainte, de moyens, pour aller vers une logique de résultats, qui laisse la place à l’initiative des agriculteurs. »

Agnès Le Brun, députée européenne (groupe PPE) : « Nous avons un devoir de protection de l’agriculture européenne. L’objectif environnemental est louable, mais attention à ne pas y aller à marche forcée, et de prendre le risque d’un effet contraire, avec la perte de nos productions au profit d’importations. Il faut distinguer les urgences. » Sur le droit à la concurrence, elle plaide pour « différencier les règles pour les coopératives et les multinationales ».