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La restriction des produits phytosanitaires : un triple impact pour la filière semences

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En amont de son assemblée générale, l'UFS, l'Union française des semenciers, a tenu une conférence de presse le 20 novembre pour souligner les défis auxquels la filière semences doit faire face pour les prochaines campagnes. Parmi les enjeux clés figure la question des produits phytosanitaires. Première conséquence : l'orientation des travaux de recherche pour trouver des alternatives. « Nos entreprises vont travailler de manière accrue sur la question des résistances aux maladies. La génétique résoudra surement des problèmes mais certainement pas dans les délais imposés », estime Franck Berger, président de l'UFS.

Gérer la production et les stocks

La production de semences se trouve également directement touchée par la réduction du nombre de molécules disponibles, liée aussi bien aux évolutions réglementaires qu'à la stratégie des firmes phytosanitaires. « Notre production est un petit marché. En période de ré-homologation, les producteurs de produits phytosanitaires hésitent désormais à s'engager sur des usages mineurs, ce qui pourrait affaiblir notre production », déplore le président de l'UFS. Enfin se pose la question de l'utilisation des semences déjà traitées par ces produits. « En grandes cultures, les semenciers observent entre 8 et 30 % de retour après chaque campagne. Nous avons besoin de visibilité de la part des pouvoirs publics sur leurs orientations pour anticiper au mieux l'écoulement des produits », insiste le président.


Nouvelles techniques de sélection : se focaliser sur les finalités

Autre point chaud propre à la filière semences, celui des nouvelles techniques d'obtention végétale (NPBT) que Jean Donnenwirth, président de la commission réglementation & innovation, préfère appeler « méthodes récentes d'amélioration des plantes », car certaines datent déjà de plus de 10 ans. Parmi elles, la mutagénèse dirigée. En octobre 2015, la cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait été saisie par le conseil d'Etat français afin de se prononcer sur son appartenance ou non à la réglementation OGM. Le 20 décembre prochain, le rapporteur à la CJUE devrait rendre son avis préliminaire. Celui définitif de la cour de justice devrait suivre durant le premier semestre 2018. « Nous avons bon espoir d'obtenir une clarification », souligne Jean Donnenwirth. L'UFS souhaite que la classification réglementaire porte sur la finalité de ces techniques, et non pas sur les méthodes elles-mêmes. Ces outils sont financièrement intéressants pour les semenciers. « Pour 250 000 $, une entreprise peut se doter d'un laboratoire de Crispr/Cas, ce qui est accessible pour des entreprise de taille intermédiaire », estime Jean Donnenwirth.