L’Anses ne peut pas se prononcer sur le classement cancérigène probable du glyphosate
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L’Anses vient de publier sur son site l’avis sur le glyphosate en date du 9 février. Cet avis répond à une saisine du 8 avril 2015 par cinq ministères (DGCCRF, la DGPR, la DGS, la DGT et la DGAL) suite à l’annonce par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) placé auprès de l’Organisation mondiale de la santé. Il estimait que le glyphosate devait désormais être classé cancérigène de catégorie 2A, soit « cancérigène probable pour l’homme ». L’Anses a examiné les études effectuées dans le cadre de l’évaluation européenne et dans la monographie du CIRC. Dans ses conclusions, l’Anses précise qu’au vu du niveau de preuve limité, elle ne peut se prononcer sur un classement en catégorie 2 (*). « Le niveau de preuve de cancérogénicité de la molécule chez l’animal et chez l’homme peut être considéré comme relativement limité et ne permet pas de proposer un classement 1B (*) », précise-t-elle également. Toutefois, l’Agence estime nécessaire que le classement du glyphosate soit rapidement revu par l’ECHA (Agence européenne pour les produits chimiques). L’Agence déclare poursuivre ces travaux par la mise en place d’un groupe de travail sur les risques liés aux co-formulants présents dans l’ensemble des préparations phytopharmaceutiques, avec une priorité donnée aux préparations à base de glyphosate. De plus, elle procède sans délai à la réévaluation des préparations associant glyphosate et tallowamine, préparations pour lesquelles le respect des exigences fixées à l’article 29 du règlement (CE) n° 1107/2009 pose fortement questions. En effet, cet article indique notamment que « l’interaction entre la substance active, les phytoprotecteurs, les synergistes et les coformulants doit être prise en compte lors de l’évaluation des produits phytopharmaceutiques ». Ségolène Royal a rebondi dans un communiqué de presse en date du 12 février demandant à l’Anses de ré-examiner « immédiatement tous les produits phytosanitaires contenant du glyphosate dont le co-formulant appartient à la famille des tallowamines. Elle invite l’Agence nationale de sécurité des aliments « à retirer d’ici à la fin du mois de mars les autorisations de mise sur le marché des préparations phytopharmaceutiques contenant ces co-formulants présentant des risques préoccupants. » En réaction, une plateforme de sociétés phytosanitaires a jugé le 13 février « inappropriée » la demande de Ségolène Royal d’interdire la commercialisation de certains herbicides contenant du glyphosate mélangé à des adjuvants à base d’amines grasses de suif (tallow amine). Elle s’appuie aussi sur l’avis de l’Efsa de novembre 2015. L’autorité européenne ne classait pas la molécule comme cancérogène probable pour l’homme (catégorie 2) mais recommandait une révision de la toxicité. La Commission européenne a jusqu’au 30 juin 2016, date à laquelle l’approbation du glyphosate expire, pour décider ou non de conserver la molécule sur la liste des substances actives approuvées dans l’UE. (*) catégorie 1 : substances cancérogènes avérées ou présumées pour l’être humain sur la base de données épidémiologiques et/ou de données issues d’études sur des animaux. catégorie 2 : substances suspectées d’être cancérogènes pour l’homme avec des études humaines ou animales mais insuffisamment convaincantes pour classer la substance dans la catégorie 1 ou sur une absence de classement au sens du règlement (CE) n° 1272/2008.