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L’arrêt des néonicotinoïdes pourrait redessiner les assolements

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Orges, blés, maïs, betteraves… autant de cultures qui, avec le retrait des néonicotinoïdes depuis le 1er septembre, vont voir leur protection se complexifier. Bien sûr, des solutions alternatives existent parfois. Mais sur blé et orge par exemple, lutter contre les pucerons vecteurs de virose en traitements foliaires est plus compliqué, et souvent moins efficace, qu’en traitements de semences. Car il faut viser juste et sortir le pulvérisateur au bon moment. Pas toujours simple quand la portance des sols ne le permet pas. Sans compter que lors d’hivers doux, plusieurs passages seront nécessaires pour venir à bout des populations de ravageurs, alourdissant dès lors la note en insecticides. Opter pour des variétés moins sensibles à ces ravageurs, adapter la date et la densité de semis deviennent dès cette année des impératifs.

En betterave, une dérogation très attendue

En betterave aussi l’heure est au questionnement et à la recherche de solutions efficaces pour contrôler les ravageurs du sol (taupin, atomaire) et les insectes aériens (puceron, pégomyie). Mais il n’existe malheureusement aucune alternative aussi efficace, écologique et économique connue à ce jour. « Nous attendons une possible dérogation ou homologation de Teppeki, un aphicide stricte de BELCHIM déjà homologué sur pomme de terre et qui, en plus possède la mention abeilles, explique François Courtaux de l’ITB de l’Aisne. Pas question pour nous de conseiller Karaté K qui n’est absolument pas efficace contre les pucerons vecteurs de jaunisse. Cette maladie, absente des parcelles de betteraves depuis plus de 20 ans devrait donc, sans solution efficace d’ici là, refaire son apparition au printemps prochain ».

Distorsion de concurrence avec la Belgique

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA a souligné, lors de sa conférence de rentrée le 30 août que « l’Union Européenne autorise des dérogations pour le maïs et la betterave. Mais la France ne le souhaite pas, alors que la Belgique a demandé ces dérogations. Si elles étaient autorisées, cela créerait des distorsions de concurrence insensées. En France, cela voudrait dire l’arrêt de la production. Il est possible que la CGB et l’AGPM déposent un recours auprès du Conseil d’Etat »

Quant à se demander si cette interdiction pourrait avoir un impact sur les assolements, Vincent Lecat, responsable appro chez Agora le pense. « En betteraves, les prix sont bas. Ajoutez à cela un manque de solutions pour préserver le rendement et certains agriculteurs pensent à se tourner vers d’autres cultures : pois, lin, blé sur blé… Dans notre zone, les betteraves sont attendues en recul de 15 à 20 % ». Pour François Courtaux, c’est avant tout le manque de compétitivité de la betterave au niveau du prix qui dicte l’assolement. Dans l’Aisne, c’est la pomme de terre qui devrait profiter des hectares laissés libres par la betterave.