« Le biocontrôle a besoin d'une volonté politique et d'un cadre réglementaire stable », Jean-Marc Petat, BASF France - division agro
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Reference-environnement.com : En matière de biocontrôle, BASF France est pilote pour le groupe. Pourquoi ce choix ?
Jean-Marc Petat : BASF est présent sur le marché du biocontrôle depuis plus de 20 ans avec ses solutions de confusion sexuelle. En France, nous avons renforcé nos investissements dans le domaine depuis trois ans, notamment avec la signature, en mai 2015, d’un partenariat avec l’entreprise PAT (Plant advanced technologies), en Lorraine. Cet accord vise l’intensification de la recherche de molécules pour les biopesticides.
Avec la pression sociétale et réglementaire, les agriculteurs français sont en attente de solutions de biocontrôle efficaces, facilement utilisables et d’un coût acceptable. Une enquête Kynetec conduite pour BASF en septembre conforte cette position : les agriculteurs français placent le biocontrôle au deuxième rang des solutions attendues. En moyenne, au niveau européen, ces spécialités n’arrivent qu’en 5e position. En Grande-Bretagne, elles ne sont même pas présentes dans le top 5. Un décalage qui s’explique par le virage politique et réglementaire pris en France ces dernières années.
R.E : Quelle est votre vision du développement des solutions de biocontrôle ?
J.-M. P. : Nous espérons une rupture technologique d’ici 5 à 10 ans, avec des spécialités de biocontrôle aussi efficaces et facilement utilisables que les produits conventionnels. Dix ans si les conditions de recherche et d’homologation restent identiques à celles d’aujourd’hui. Cinq ans si la France met davantage de moyens, déploie une vraie politique en faveur du biocontrôle. Les pouvoirs publics doivent se positionner et encourager la recherche privée. Pourquoi, par exemple, ne pas augmenter le crédit d’impôt recherche sur le biocontrôle ?
Enfin, nous avons besoin d’une visibilité à long terme sur les aspects réglementaires, des règles scientifiques communes au niveau européen et une définition du biocontrôle suffisamment stable dans le temps. A contrario, la position française sur le glyphosate est décourageante et n’incite pas les sociétés à investir dans la recherche en France. Comment s’assurer que nos produits ne seront pas interdits du jour au lendemain sous la pression émotionnelle de l’opinion ?
R.E : À court terme, que va proposer BASF ?
J.-M. P. : Six nouvelles solutions de biocontrôle seront lancées en 2018 : deux pour la confusion sexuelle en arboriculture, deux à base de Bacillus amyloliquefaciens souche MBI 600 (traitement de semences colza et fongicide vigne), le pack fongicide céréales Juventus+Soufre DF, un stimulateur de défense des plantes à base de levure sur vigne et légumes (Cerevisane, développé avec Agrauxine). Pour 2019/2020, quatre spécialités sont attendues sur grandes cultures, vigne et cultures légumières.
BASF compte sur sa recherche interne, ses partenariats et son implication dans l’IBMA et le Consortium Biocontrôle public-privé pour accélérer le développement de nouvelles solutions. Nos axes de recherche et développement portent sur les micro-organismes, les substances naturelles et les stimulateurs des défenses des plantes.