Les agriculteurs et l’agro-écologie : la pratiquer sans l’afficher
Le | Agrofournisseurs
Le ministère de l'Agriculture vient de rendre publique une enquête réalisée par BVA sur les agriculteurs et l'agro-écologie. Elle met en évidence une assez large diffusion des pratiques retenues comme marqueurs de l'agro-écologie, sans pour autant que les agriculteurs se reconnaissant dans le terme.
Ainsi, seulement un agriculteur sur deux a entendu parler d'agro-écologie. Les fournisseurs et la distribution n'arrivent qu'en 5e position dans les vecteurs d'information, loin derrière la presse professionnelle (71 %), les réseaux de conseil et de développement agricole (35 %), les autres agriculteurs ((30 %) ou Internet (25 %).
A l'inverse, si l'on approche les agriculteurs via les pratiques elles-mêmes, la diffusion est sensiblement plus importante. Six démarches ont été retenues, pour caractériser cette approche. La limitation de l'usage des intrants, pratiquée par 76 % des agriculteurs, arrive en tête. Elle est suivie de l'amélioration de la qualité des sols (72 %), la préservation de la ressource en eau (62 %), la valorisation du rôle de la faune auxiliaire (51 %), la recherche d'autonomie via la limitation des achats extérieurs à l'exploitation (41 %) et l'apport de valeur ajoutée aux productions (40 %). Si 93 % des exploitants mettent en pratique l'une des six démarches, ils ne sont que 10 % à toutes les effectuer. Les viticulteurs et les producteurs de fruits et légumes sont les plus avancés. La taille des parcelles pour ces cultures, plus réduite qu'en grandes cultures, se prête davantage aux techniques souvent gourmandes en temps de la protection intégrée. Et la proximité avec les consommateurs se traduit par davantage de production encadrée par des cahiers des charges.
45 % des agriculteurs se sentent pleinement engagés dans l'agro-écologie, 13 % envisagent d'y aller (le taux monte à 31 % chez les moins de 35 ans), alors que 42 % ne pensent pas s'inscrire dans ces démarches. Ces derniers mettent pourtant déjà en œuvre près de la moitié des six démarches proposées dans l'enquête comme marqueurs de l'agro-écologie.
Les principaux freins sont les contraintes réglementaires et l'incertitude sur le résultat économique cités par 71 et 72 % des exploitants. 64 à 67 % mettent également en avant l'importance des investissements, les contraintes économiques et les charges supplémentaires ainsi que le temps de travail. Suivent le manque d'aides publiques, les contraintes naturelles et les connaissances nécessaires.
Le partage d'expérience entre agriculteurs constitue pour 67 % le principal recours pour se lancer dans ces pratiques. 40 % sont séduits par l'approche innovante et originale. 33 % comptent surtout sur les formations, plusieurs critères pouvant se cumuler.