Les fabricants d’azote nitrique renforcent leur communication
Le | Agrofournisseurs
L'azote nitrique, directement assimilable par la plante, répond à la fois aux enjeux de sécurité alimentaire mais aussi de préservation des ressources naturelles. C'est ce message qu'entendent diffuser largement dans 22 pays européens les industriels de la fertilisation, avec comme accroche : « Qui peut le moins peut le plus ». Aussi, pour mieux participer au débat public, ces 21 fabricants d'azote nitrique ont lancé officiellement à Bruxelles le 8 mars leur association DAN, pour « Directly available nitrogen ». Cette association existe déjà en France depuis plus de cinq ans sous le nom de ADA (Azote directement assimilable) et est portée par sept entreprises : EuroChem agro France, GPN agriculture, Linzer agro trade, OCI AGRO, Rosier, Seco fertilisants et Yara France. « Il faut que notre agriculture reste forte, a expliqué Gilles Poidevin, délégué général de l'Unifa. N'oublions pas que nous importons en Europe depuis les pays tiers des matières premières équivalant à 35 Mha de surfaces cultivées. » L'Europe n'est plus autosuffisante et manque de protéines végétales. La fertilisation est une des composantes du rendement et de la qualité des récoltes. A.D.
Photo 1 : « Il faut que notre agriculture reste forte, a expliqué Gilles Poidevin, délégué général de l'Unifa
Prendre part au débat
En Europe, cette campagne de communication intervient alors que la directive nitrates entre dans son cinquième programme d'application. En France, ce sont les enjeux autour d'une possible taxe azote qui inquiètent les industriels ainsi que le message laissant entendre qu'une part des engrais minéraux pourrait être remplacée par les engrais organiques : « Tout est une question d'efficience de l'azote. Taxer les ventes n'a pas de sens, c'est une fausse bonne idée. L'achat d'engrais azotés par les agriculteurs n'est pas lié au prix, relève Gilles Poidevin. Et taxer les formes d'azote en fonction de leur performance environnementale est trop complexe à mettre en place. » Quant à l'idée de remplacer les engrais minéraux par les excédents d'engrais organiques, ou compter sur les digestats issus des unités prévues par le Plan méthanisation reste très insuffisant selon l'Unifa. « Pour autant, il ne s'agit pas d'opposer engrais minéraux et organiques mais bien d'améliorer les pratiques, d'agir sur plusieurs leviers. »
Photo 2 : De gauche à droite, Marc Hervé d’Eurochem, Marc Lambert de Yara, Thierry Genter de GPN et Gilles Poidevin de l’Unifa.
Bilan environnemental amélioré
L'efficience des engrais est le point d'entrée dans la recherche d'une meilleure productivité en lien avec le respect de l'environnement. C'est l'azote nitrique avec ses formes ammonitrate seul et composées qui offre les meilleures performances : « Tout d'abord, une fertilisation bien raisonnée, avec l'utilisation d'engrais rapidement disponibles pour la plante, permet de limiter la lixiviation, a expliqué Marc Hervé responsable agronomique d'Eurochem. Autre point, la volatilité de l'ammonitrate est moindre avec 2 % contre 25 % pour l'urée et 8 % pour les solutions azotées. « Le choix de la forme d'azote est donc prioritaire par rapport aux enjeux qualité de l'eau et de l'air. » Quant à l'empreinte carbone de l'ammonitrate, elle est inférieure de 25 % par rapport aux autres formes d'engrais. L'urée est moins efficiente d'un point de vue agronomique car il y a beaucoup de pertes d'ammoniac dans l'air. Les agriculteurs ont alors tendance à surdoser les apports pour compenser. Et dans ce bilan environnemental, l'effort réalisé dans les usines entre en ligne de compte. « Nous avons en Europe un outil de production performant, loin devant les usines russes, ukrainiennes ou d'Afrique du Nord et d'Arabie Saoudite et sensiblement meilleur que les unités américaines, complète Marc Lambert responsable agronomique de Yara. De nombreux investissements ont été réalisés et nous avons réduit les rejets en oxyde d'azote et protoxyde d'azote. » Une unité européenne de fabrication d'acide nitrique qui produit 1800 t/jours correspond à un investissement de 60 millions d'euros dont 5 à 8 millions sont dédiés à la dépollution. Il est vrai aussi qu'en Europe, la part de l'ammonitrate est de plus de 60 % alors que dans le reste du monde, c'est l'urée qui prédomine avec 55 % des utilisations.
Meilleures utilisations par les plantes
Depuis 10 ans et en lien avec Arvalis et le Cetiom, l'association ADA a mené des essais pour comparer la performance des ammonitrates avec l'urée dans une rotation colza-blé-orge. « Ces essais menés en France sont les plus complets réalisés en Europe, précise Thierry Genter, responsable développement GPN. Ils prouvent une meilleure productivité, la possibilité d'économiser des apports d'azote et le maintien de la fertilité des sols. » Les gains de rendements sont conséquents : + 2,7 q/ha avec l'ammonitrate. Les cultures absorbent mieux l'azote sous cette forme et utilisé tous les ans, c'est l'opportunité de réduire l'apport de 40 kg d'azote par ha. Autre valeur mise en évidence : une augmentation de l'azote absorbé par la plante de 17,5 kg/ha sur blé et orge et de 26 kg/ha sur colza avec l'ammonitrate, soit plus de protéines dans les grains. Autre enseignement majeur de ces expérimentations : l'effet cumulatif dans les parcelles ayant reçu de l'ammonitrate par rapport à celles fertilisées avec de l'urée, ce phénomène est à relier au fonctionnement entre la plante et le sol. Tous les résultats seront présentés en fin d'année lors du Comifer.