Les grandes cultures manquent de solutions pour réduire les phytos
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« En pommes de terre, nous savons réduire de 20 à 30 % l’utilisation de fongicides, grâce notamment aux OAD, et cette baisse pourrait atteindre 60 % lorsque les stimulateurs de défense des plantes (SDP) que nous avons testés seront homologués, a précisé Nathalie Verjux le 11 octobre, lors d’une conférence de presse consacrée à la protection intégrée. En revanche, sur céréales, nous manquons de solutions. » Pour la chef du service génétique, physiologie et protection des plantes d’Arvalis-Institut du végétal, les itinéraires de protection intégrée actuellement travaillés sur grandes cultures ne sont pas satisfaisants : ils offrent la possibilité de réduire l’usage de produits phytosanitaires mais conduisent à des pertes de rendement. G.G.
Photo : Nathalie Verjux, chef du service génétique, physiologie et protection des plantes d’Arvalis-Institut du végétal : « L’un des premiers freins à la réduction de l’utilisation des phytos reste l’accès à l’homologation des innovations, trop lourde et trop coûteuse pour de petites sociétés ».
« Notre objectif est de proposer à tous les producteurs, y compris ceux qui ne peuvent pas modifier leurs rotations, des itinéraires maintenant la productivité des filières. » L’institut y travaille et plaide pour la simplification et la réduction des coûts des homologations, ainsi que pour le classement des SDP à faible risque dans le Nodu Vert Biocontrôle, même s’ils ne sont pas d’origine naturelle.
Arvalis-Institut du végétal rappelle que de nombreuses solutions existent déjà pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires : prophylaxie permettant de prévenir l’arrivée ou la propagation d’un bio-agresseur (rotation, travail du sol, choix variétal, conduite de la culture…), désherbage mécanique, lutte biologique (trichogrammes), amélioration des applications des produits grâce aux OAD, à de meilleurs équipements pour la pulvérisation… Mais ils s’avèrent actuellement insuffisants. Pour l’institut, l’objectif du plan Ecophyto 2018 en grandes cultures ne pourra être atteint sans l’arrivée d’innovations dans tous les domaines : génétique, lutte biologique, agro-équipements, biomolécules… Des domaines sur lesquels l’institut s’investit.
Contexte de réduction des phytos oblige
La directive 2009/128/CE exige l’application des principes généraux de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures au plus tard le 1er janvier 2014, soit dans un peu plus d’un an. « Mais cette réglementation n’est pas la seule à conduire à la réduction d’utilisation des produits phytosanitaires, explique Nathalie Verjux. Divers éléments de contexte imposent l’élargissement de la gamme de solutions : la réduction des solutions chimiques disponibles, les restrictions d’emploi, le plan Ecophyto 2018, les difficultés techniques comme les résistances, la pression sociétale… Nous devons donc nous tourner vers une combinaison de solutions à adapter à chaque situation. » Le modèle change : il faut désormais des itinéraires de protection associant plusieurs solutions destinées à lutter contre une combinaison de bio-agresseurs. « Sans pour autant adopter uniquement l’approche système, car l’approche analytique est parfois nécessaire : l’exemple des trichogrammes est là pour le prouver. »