Les marchés, en forme en ce début d’année
Le | Agrofournisseurs
2019 semble bien commencer : la barre des 200 € la tonne est franchie pour le blé tendre et l’Argentine, qui représente l’un de nos concurrents les plus sérieux pour les mois à venir, voit sa récolte mise à mal par d’abondantes pluies. Mais tant que le « Shutdown » perdure aux États-Unis, les marchés restent prudents car l’USDA ne prévoit aucune publication de statistiques. Pourtant, celles de début d’année restent très attendues par les différentes places de marché mondiales.
Avec un blé à 206 € la tonne, 2019 commence bien. Il y a un an, le prix de cette céréale dépassait à peine les 150 € la tonne. Michel Portier, directeur d’Agritel, se veut confiant pour les semaines à venir. « À date, je ne vois aucune raison de penser que les marchés vont s’écrouler, assure-t-il. Les conditions climatiques difficiles en Argentine, où 20 % des surfaces sont encore à récolter, sont plutôt une bonne nouvelle pour nos blés. Si les volumes de la Mer Noire ont été nos principaux concurrents sur la première moitié de la campagne, assurément, le risque devrait bien venir, dans les prochains mois, de l’Argentine : d’autant que son blé reste le moins cher au monde ! Mais si la qualité de la récolte est altérée, les cartes se redessineront ».
Quels volumes encore en stock en Russie ?
Autre interrogation soulevée par les opérateurs : quel volume la Russie peut-elle encore exporter ? « 24 Mt ont déjà été expédiées, assure Michel Portier. Le pays en aurait encore 12 Mt à vendre. La Russie sera encore présente à l’export dans les mois à venir, mais de façon moins agressive, d’autant que le prix du blé français s’aligne désormais sur celui du blé russe. »
Si les yeux sont tournés vers l’Argentine et la Russie, les opérateurs scrutent également la situation américaine. « Alors qu’une partie de l’administration reste toujours fermée, pour cause de « Shutdown », l’USDA ne prévoit pas de publier ses statistiques mensuelles, explique-t-il. Pourtant celles du début d’année, prévues initialement le 11 janvier, restent très attendues par les différentes places de marché. » Dans ce contexte, les cours ont poursuivi leur rebond en fin de semaine à Chicago. Le marché européen suit le mouvement, mais de façon plus modérée, absorbant les évolutions de la parité eurodollar.
Inquiétudes pour le colza
Si pour l’orge fourragère et le maïs, Michel Portier reste, comme pour le blé tendre, confiant, il est en revanche plus dubitatif pour le colza. « Le marché reste lourd, tiré par des marchés de l’huile de palme et du soja également très lourds, illustre-t-il. Alors que le pétrole poursuit sa tendance baissière, le colza trouve peu d’éléments de soutien. Dans un climat européen tendu, les importations seront inévitables. Certains agriculteurs espèrent voir les prix remonter mais malheureusement, ce n’est pas le colza français qui fait le marché mondial ! »
Le directeur d’Agritel estime que sur le territoire, le recul des surfaces ne devrait pas atteindre les 30 % évoqués à l’automne dernier. « L’état des cultures s’est bien amélioré. Le colza compense bien. La production européenne devrait avoisiner les 20 Mt, contre 22 Mt pour une année « classique ». » Comme pour les autres espèces en place, rien n’est joué. L’hiver ne fait que commencer. La météo des mois à venir sera décisive pour asseoir le potentiel de récolte. .
Cours en euros/tonne sur les marchés, au 3 janvier, disponible. Euronext, première échéance.
Blé : Euronext, 206 ; rendu Rouen, 202
Maïs : Euronext, 180 ; rendu Bordeaux, 173
Colza : Euronext, 365,75 ; fob Moselle, 367