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Les négoces mondiaux abandonnent les engrais

Le | Agrofournisseurs

Doucement mais sûrement, le quatuor « ABCD » des négoces mondiaux (1) se désintéresse du secteur des engrais. Dernier fait en date, l'annonce en février par Cargill, de l'arrêt de la commercialisation en Europe centrale et orientale d'engrais, mais aussi de semences et de produits phytosanitaires. Fin janvier, l'entreprise Louis Dreyfus commodities avait laissé entendre qu'elle cherchait des acheteurs pour son activité des fertilisants.

Pourquoi ce désintérêt des traders internationaux pour ce secteur ? « Parce que c'est un marché de plus en plus compliqué où il est très difficile de spéculer », affirme Dominique Vilette, responsable du département fertilisants d'InVivo, pour qui le métier de trader est amené à mourir dans ce secteur. Les perspectives de marges sont aussi peu intéressantes. « Certaines données économiques sur la Chine ou l'Inde restent imperceptibles », témoigne-t-il, et pourtant « déterminantes pour l'évolution des cours ».

Un regard partagé par François Deltour, le directeur d'Eurochem Agro France : « il est déjà difficile pour un producteur d'anticiper le marché, ça l'est d'autant plus pour un trader ». Au-delà de la spécificité du marché, ces grandes entreprises sont frappées de plein fouet par la chute des prix des matières premières et par le ralentissement de l'activité de certains pays comme le Brésil ou la Chine, les obligeant à se recentrer sur leur cœur de métier.

La nature ayant horreur du vide, l'espace laissé par ces entreprises profitera sûrement aux producteurs eux-mêmes. En 2014, Archer Daniels avait cédé ses activités engrais sud-américaines au producteur américain Mosaic. Bunge avait fait de même en 2013 au Brésil avec Yara ou avec OCP au Maroc.


(1) : Archer Daniels Midland Co, Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus