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Les premiers résultats d’Ecophyto ne satisfont pas Bruno Le Maire

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Bruno Le Maire a estimé, en ouverture du Comité national d’orientation et de suivi du plan Ecophyto 2018, le 26 octobre, que les acteurs agricoles devaient faire mieux pour tenir les objectifs du plan Ecophyto. Pour Emmanuelle Soubeyran, chef de projet Ecophyto, les changements sont pourtant enclenchés, chiffres à l’appui, et les actions 2012 devraient permettre d’accélérer le processus. « Sur l’utilisation globale des pesticides, les chiffres sont stables entre 2008 et 2010 : je ne suis pas satisfait du résultat », a indiqué Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, à l’ouverture du troisième Comité national d’orientation et de suivi du plan Ecophyto 2018, le 26 octobre. S’il reconnaît que la tâche est complexe, il estime que les acteurs agriculteurs peuvent mieux faire. Les CMR baissent de 87 % Les chiffres moyens méritent toutefois d’être affinés : les produits CMR (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction) ont baissé de 87 % entre 2008 et 2010. Un résultat qui s’explique, selon Emmanuelle Soubeyran, chef de projet Ecophyto et qui  faisait le point sur les premiers résultats du plan le 26 octobre, par le retrait du marché des préparations les plus préoccupantes. Sur cette même période, l’utilisation des produits de biocontrôle a augmenté de 65 %, une preuve que les changements de pratiques sont en marche, souligne le ministère de l’Agriculture. Si le QSA (quantité de substances actives) a baissé de 5 % entre 2008 et 2010, l’indicateur Nodu (nombre de doses unités commercialisées) a augmenté de 2,6 %, essentiellement lié aux herbicides. Après avoir progressé entre 2008 et 2009, notamment sur les fongicides, le Nodu traitement de semences à diminué en 2010. « Sur le plan des indicateurs régionaux, il est vrai que le Nodu n’est pas simple à calculer car les limites administratives sont parfois différentes des limites commerciales, reconnaît Emmanuelle Soubeyran. Des chargés de missions vont faire le tour des régions pour notamment les aider dans la définition d’indicateurs. » Ecophyto, c’est possible Reste que le plan Ecophyto en est à ses débuts. Les actions doivent se poursuivre pour atteindre l’objectif de diminuer, si possible, de moitié l’usage des produits phytosanitaires d’ici à 2018. « Cet objectif est possible, tout en augmentant les revenus », affirme Emmanuelle Soubeyran. La preuve reste à établir sur le terrain, notamment via la mise en place de 2 000 fermes de démonstration sur l’ensemble des filières de production en 2012, contre 1 200 actuellement. 20 nouveaux sites expérimentaux ont par ailleurs été sélectionnés en octobre. Leur objectif est de tester des systèmes de cultures innovants. Sur le volet formation, 140 000 agriculteurs ont reçu le certiphyto pendant la phase expérimentale. 800 000 utilisateurs professionnels de pesticides, distributeurs et  conseillers devront être formés d’ici à 2014. Pour 2012, Ecophyto va s’attaquer à la santé et à la protection de l’utilisateur au sein d’un nouvel axe n° 9, proposé en 2010, qui a été validé le 26 octobre par le Comité national d’orientation et de suivi du plan Ecophyto. « Nous allons également développer les contacts avec la filière aval et mettre en œuvre une feuille de route sur les produits de biocontrôle », indique Emmanuelle Soubeyran. Une campagne de communication Pour accélérer le processus, le ministère de l’Agriculture lance le 29 octobre une campagne de communication à destination des exploitants, sous forme de trois visuels d’agriculteurs délivrant trois messages : un sur la formation, un autre sur les réseaux de fermes Dephy et un sur les bulletins de santé du végétal, avec pour  leitmotiv, prouver qu’il est possible de réduire l’utilisation des pesticides.  Le coût de la campagne s’élève à 870 000 euros, dont 455 000 euros en achat d’espace publicitaire. Le budget 2008-2010 du plan Ecophyto s’est élevé à 270 millions d’euros. Le prochain devrait être voté lors du Conseil consultatif de gouvernance le 2 novembre.