Les semenciers contraints de s’adapter au contexte difficile de l’année
Le | Agrofournisseurs
Recul des cultures de printemps, incertitude pour celles d'automne, surfaces et prix de marché sont mis à mal. Ce contexte affecte directement les semenciers. Car moins de surfaces, c'est une pression accrue sur les gammes et sur les prix. Les négociations avec la distribution sont d'autant plus difficiles que les agriculteurs sont, eux, peu enclins à investir. La récolte 2016 devrait laisser des traces.
Après une campagne de printemps chahutée, qui a vu un recul des surfaces de tournesol et de maïs, celle d'automne est tout aussi compliquée. « Moins d'hectares en colza, incertitude sur la levée des cultures en place, interrogation sur les surfaces de céréales… la campagne est difficile reconnait Fabrice Roux, directeur marketing pour la gamme semences chez Syngenta. Appro ou réappro de dernière minute et taux de retour plus important engendreront des stocks et des coûts logistiques supplémentaires. Entre défense de la valeur dans un marché en contraction et renforcement de l'attractivité des offres pour les agriculteurs, Les négociations avec nos clients distributeurs seront intenses ».
Une incitation financière sur les blés hybrides
Dans ce contexte économique, les agriculteurs risquent de chercher à faire des économies sur le poste semences après avoir resserré les investissements sur les engrais de fond. Le taux d'utilisation de semences certifiées devrait reculer. Reste à savoir de combien. Sur ce point, personne n'avance de chiffres. « La mobilisation de la distribution est forte pour rappeler aux agriculteurs de ne pas hypothéquer la récolte à venir, souligne Emmanuel Sterlin, responsable marketing et communication chez Saaten-Union. Notre campagne de communication a été repensée pour laisser une large place aux actions régionalisées. Dans un contexte où nos clients cherchent à resserrer leurs catalogues produits, nous n'avons pas hésité à diminuer le prix de nos blés hybrides pour préserver leur attrait. En deux ans, leur prix a baissé de 10 %. Notre objectif : ramener l'investissement en blé hybride à 5 q. Avec un gain supplémentaire de 8 q/ha en moyenne pour cette génétique (+ 7,9 q/ha en 2016), le gain net est de 3 q/ha ».
Poursuivre les investissements
Tous préparent déjà la campagne de printemps. Les hectares laissés libres par le colza cet automne sont une opportunité pour le tournesol, le maïs, l'orge de printemps ou le soja. Tiago Costa, directeur France de l'activité semences de Monsanto reconnait que « posséder une gamme variée, diversifiée, est une chance pour amortir les campagnes compliquées ». Dans un contexte maïs en recul, le semencier annonce une hausse de sa part de marché. Mais en colza, où Monsanto occupe la place de leader, l'impact pour le semencier devrait être plus important. Pour autant, Monsanto a présenté la semaine passée le projet de sa nouvelle station de recherche maïs sur le site de Boissay (28). « Une enveloppe de 6,5 M€ pour 2016-2018, précise-t-il. Un budget programmé, anticipé. Il est capital de poursuivre nos investissements, en recherche notamment, pour proposer, demain, des variétés qui répondent aux attentes des agriculteurs ». Toutes les entreprises seront-elles capables de maintenir le cap ? Pour certains observateurs, l'année 2016 devrait laisser des traces. Caussade Semences est le premier à avoir annoncé, le 7 octobre un plan social. Au total, 42 postes devraient être supprimés. Même si le contexte français n'est pas la seule explication à cette décision, force est de constater qu'il ne facilite pas les choses.