L’inexorable effritement des engrais minéraux made in Europe
Le | Agrofournisseurs
Un peu moins de production nationale, un peu plus d'importations et d'engrais d'origine organique… Le marché français s'adapte à une lente mais régulière modification de ses sources d'approvisionnement.
Le bilan annuel de l'industrie des engrais présenté par l'Unifa, le 21 octobre, indique en moyenne glissante sur trois campagnes une stabilisation de la baisse enregistrée sur les livraisons d'engrais minéraux (P, K, S), les azotés affichant une légère reprise après le lent effritement amorcé au début des années 2000.
Ces données sont désormais consolidées avec les engrais organiques par le tout nouvel Observatoire de la fertilisation minérale (1). Aux 12, 41 Mt d'engrais minéraux (incluant les organo-minéraux) commercialisés en 2013, il convient d'ajouter 5, 74 Mt d'engrais organiques. Ces derniers, agrégés aux effluents d'élevage non commercialisés, représentent plus du quart des apports d'azotés, la moitié des phosphatés et près des 2/3 d'apports potassiques. Des filières qui se structurent et concourent d'une manière toujours plus significative à l'approvisionnement du marché français.
Progression des importations
Autre évolution significative au fil des campagnes, une progression continue des importations. La part des azotés français est passée de 48 % en 2000 à 37 % la campagne passée, celle des importations des pays tiers passant de 18 à 25 %. Principaux handicaps de l'Europe, présentés par Thierry Loyer, président de l'Unifa, le coût du gaz naturel et la dépendance de l'industrie européenne. Il appelle de ses vœux une réelle politique gazière de l'Europe, portant autant sur les sources d'approvisionnement que sur la négociation au niveau de l'Union des tarifs gaziers.
Pour une réglementation cohérente
Le secteur des engrais n'échappe pas à la démarche d'harmonisation administrative engagée par l'Union européenne. Un projet, attendu dans les tout prochains mois, devrait concerner les matières fertilisantes et les supports de culture (voir notre article réglementation dans le Mag en ligne spécial engrais). Sur ce dossier, l'Unifa souhaite un soutien plus actif des ministères de l'Agriculture et de l'Industrie pour que la Commission retienne une définition claire des matières fertilisantes et que les futures règles ne s'ajoutent pas à la réglementation nationale ou à Reach. La question de l'étiquetage des produits, déjà complexe, mérite d'être clarifiée. « Un grand nombre de produits entre en concurrence totalement déloyale sur le marché français, faute de contrôles », a souligné Gilles Poidevin, directeur de l'Unifa. L'élargissement de la charte des fertilisants organiques et organo-minéraux s'inscrit dans la volonté d'aider les acheteurs à s'assurer de l'origine des produits.
(1) Unifa, Afcome, CAS, UP'Chaux, UPJ et Coop de France.
Chiffres clés pour l'année 2013
- Vente en France de fertilisants : 2,77 millliards d'euros (- 8 % sur 2012, stade industrie)
- 52 entreprises adhérentes à l'Unifa, pour 94 sites de production
Pour la campagne 2013-2014 (en milliers de tonnes d'éléments fertilisants)
- Azotés 2 207 (+ 1,8 %)
- P2O5 472 (- 1 %)
- K2O 480 (- 10 %)
- MgO 137 (- 11 %)
- SO3 540 (- 3,3 %)
- Corrections de l'acidité des sols 1 526 (-0,7 %)
Photo : Gilles Poidevin, directeur de l'Unifa, lors de la conférence de presse le 21 octobre.