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« L'interdiction des néonicotinoïdes va induire un retour en arrière en matière environnementale », Frank Garnier, président de Bayer en France

Le | Agrofournisseurs

Interdiction des néonicotinoïdes : « une contrainte supplémentaire non justifiée »

« Nous prenons acte de l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes à compter du 1er septembre 2018, avec dérogations possibles jusqu’au 1er juillet 2020. Mais non sans regret. Car encore une fois, la France surtranspose la réglementation européenne et impose des contraintes supplémentaires à ses producteurs, qui n’en ont pas besoin actuellement. Par ailleurs, selon les données des pertes hivernales des colonies d’abeilles publiées par l’Itsap, l’Institut de l’abeille, les néonicotinoïdes n’apparaissent pas comme responsables du déclin des pollinisateurs. Des taux élevés de mortalité sont relevés en moyenne montagne, loin des régions de grandes cultures. En revanche, le département de la Marne, fort utilisateur de néonicotinoïdes, présente un faible taux de mortalité. Peut-être parce que les relations établies entre agriculteurs et apiculteurs sont fortes. »

Surtransposition de la réglementation européenne : « à condition d’aller de l’avant »

« J’ai confiance dans la volonté politique du nouveau Gouvernement de réduire les surtranspositions et donc les distorsions de concurrence, la perte de compétitivité vis-à-vis des autres pays de l’UE. D’autant que la réglementation européenne est déjà la plus stricte au monde. Nous sommes toujours prêts à accroître la sécurité, mais demandons à ce que les réglementations soient prises après concertations et qu’elles respectent les intérêts de tous. Les remèdes pris sont par ailleurs parfois pires que le mal. L’interdiction des néonicotinoïdes va induire, sur orge par exemple, un retour en arrière en matière environnementale, puisque la protection va passer par trois traitements foliaires. Et l’efficacité sera moindre. Une réglementation doit être considérée comme satisfaisante lorsqu’elle permet d’aller de l’avant, d’obtenir notamment des progrès environnementaux. Enfin, le dialogue et les bonnes pratiques volontaires ont souvent plus d’impacts bénéfiques qu’une réglementation, considérée comme une contrainte. »

Biocontrôle : « changer les procédures d’évaluation »

« Concernant le biocontrôle, l’enjeu est de fournir des solutions qui fonctionnent. Nos investissements en la matière sont importants. Nous disposons déjà de plusieurs produits, surtout sur cultures spécialisées et cultures sous serre. D’autres sont à venir, d’ici deux ou trois ans pour certains, comme des insecticides en pièges attractifs, par exemple. N’oublions pas que le pas de temps pour la recherche est de dix ans. L’avenir réside dans la bonne intégration des solutions de biocontrôle dans les programmes, les systèmes de cultures. Nous ne devons pas opposer les produits de synthèse aux solutions de biocontrôle. Leur combinaison est gagnante. Nous demandons d’ailleurs de pouvoir déposer des dossiers de produits de biocontrôle en programme, avec certaines conditions agronomiques par exemple. L'Anses travaille à de nouvelles procédures d’évaluation. »

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