Référence agro

L’UFS, inquiète pour l’avenir de la filière

Le | Agrofournisseurs

« Nous sommes pris dans des injonctions contradictoires. D’un côté, on nous demande d’être des acteurs de la transition agroécologique, mais de l’autre, on nous interdit d’utiliser les outils nécessaires pour y parvenir », a regretté, Franck Berger, le président de l’UFS, l’Union française des semenciers, le 8 novembre, la veille de leur assemblée générale.

L’organisation n’a pas caché son inquiétude quant aux différentes évolutions récentes de la règlementation. Au niveau français, l’article 83 de la loi dite Egalim concentre les craintes. Celui-ci concerne l’interdiction de production, de stockage et de circulation de produits phytosanitaires non homologués au niveau européen à partir de janvier 2022. 50 % des semences produites en France étant exportées, l’UFS a chiffré l’impact de cette mesure sur le chiffre d’affaires de la filière à hauteur de 450 millions d’euros (sur 3,3 milliards d’euros). L’UFS cite notamment le cas du Thiram, dont l’AMM sera retirée en avril 2019. « Ce produit reste cependant utilisé, voire demandé dans de nombreux pays. Pourquoi nous interdire de produire ce type de produits pour l’export ? Les entreprises qui investissent en France pourraient être tentées d’aller ailleurs. Nous sommes interloqués. Nous comprenons que cette mesure vise plutôt les usines phytosanitaires, mais notre filière est également touchée », détaille Franck Berger, président de l’union. « S’il n’y a pas de retour sur cette règlementation, la France aura du mal à assurer sa position de leader, nous sommes déjà challengés à cette place. Nous n’avons pas d’autres recours que de changer la loi », estime quant à lui Claude Tabel, le vice-président de l’UFS.

Choqués par la décision de la Cour européenne

Au niveau européen, les dirigeants de l’UFS se sont une nouvelle fois dit « choqués » suite à la décision de la Cour européenne de justice sur la mutagenèse du 25 juillet 2018. « Cette décision nous isole du reste du monde et représente un frein significatif au progrès et à l’innovation », déplore Franck Berger. Dénonçant une directive « inapplicable », en arguant l’inexistence de méthodes pouvant détecter les techniques d’édition du génome, l’UFS propose d’y ajouter une annexe pour passer de l’interdiction totale à la régulation. « Soit on arrive à revenir sur cette décision, soit nous sommes dans une impasse », résume Claude Tabel, qui craint également une « surtransposition » de cette directive en France.

Des efforts en faveur de la transition agroécologique

Face à cette situation, le syndicat insiste sur les efforts entrepris par la filière pour s’adapter aux nouvelles demandes sociétales. Le plan de filière, datant de décembre 2017, prévoit la création d’un comité des enjeux sociétaux en cours d’élaboration, et une enveloppe de 350 000 € par an pour le maintien de la biodiversité. L’UFS est également engagée dans le contrat de solutions de la FNSEA. Le syndicat pilote l’axe « amélioration des plantes » et a formulé huit propositions.

Enfin, le syndicat est partenaire d’un programme prioritaire de recherche sur les pesticides, géré par l’Inra et financé à hauteur de 30 millions d’euros par le ministère de la Recherche. Ce programme, d’au moins 5 ans, vise à accélérer la transition agroécologique par la réduction des pesticides dans l’agriculture. L’UFS sera co-pilote du défi « développer des espèces et des variétés permettant la re-conception des systèmes et la transition agroécologique ». Les premiers appels d’offre auront lieu début 2019. « Tout le monde doit prendre conscience qu’il faut être patient pour développer ces solutions », rappelle Claude Tabel.