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L’Unaf pointe une exposition importante des abeilles aux néonicotinoïdes dans un contexte tendu pour la filière

Le | Agrofournisseurs

En France, les abeilles sont toujours largement exposées aux néonicotinoïdes, insiste une enquête commandée par l'Union nationale de l'apiculture française et présentée le 19 octobre. Elle a été réalisée par Laure Chanon, journaliste indépendante. Le rapport indique que les néonicotinoïdes sont utilisés sur au moins 6 millions d'hectares de céréales à paille, colza, maïs et betterave.

Les traitements de semences pointés du doigt 

L'enquête pointe surtout l'utilisation de ces molécules en traitement de semences (TS), et le fait qu'ils ont échappé « aux efforts déployés du plan Écophyto ». L'argumentation : les TS comptent pour 1 dans le calcul des indicateurs de fréquence de traitement (IFT) quelque soit le nombre de produits appliqués en enrobage et ne sont pas pris en compte dans les certificats de produits phytosanitaires (CEPP). Pour l'Unaf, les traitements de semences, considérés comme des « assurances tout risque » pour l'agriculteur, vendus à 70 % par leur coopérative, sont des verrous qui empêchent la divulgation des alternatives aux néonicotinoïdes.  L'Unaf indique qu'elle sera vigilante aux avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) sur les alternatives prévues pour la fin 2017-2018, ainsi « qu'aux promesses du Président de la République quant à la séparation du conseil et de la vente sur les pesticides. »

Pour rappel, la France prévoit une interdiction des néonicotinoïdes en septembre 2018, avec des possibles dérogations jusqu'en 2020. L'Anses devrait rendre son avis sur l'existence d'alternatives aux néonicotioïdes dans les prochains mois. Sur cette base, un arrêté interministériel décidera des dérogations sur certaines cultures entre 2018 et 2020.  

L'Unaf demande une aide financière

Cette étude intervient dans un contexte difficile pour la filière. Après une récolte de miel 2016 en dessous des 10 000 tonnes, l'Unaf annonce une production 2017 à nouveau sous cette barre. En cause : un printemps gélif suivi d'une grande période de sécheresse et de vent qui ont empêché les apiculteurs de faire des récoltes convenables. Lesquelles sont en baisse de 60 à 80 % par rapport à une année normale. De plus, l'affaiblissement du cheptel, couplé à la présence du frelon asiatique, pourraient entraver leur survie pendant la période hivernale. L'Unaf demande au gouvernement une aide financière exceptionnelle et la reconnaissance en calamité agricole pour les exploitations les plus touchées. 

Étiqueter les miels importés

Enfin, l'Unaf alerte sur l'augmentation des miels d'importation qui représentent plus de 30 000 tonnes, soit 75 % des miels consommés en France. L'Unaf et l'UFC-Que choisir réclament la mention obligatoire des pays d'origine pour les miels mélangés, provenant de divers pays. En effet, si les textes obligent de mentionner sur l'étiquette le pays d'origine de la récolte, cette obligation tombe en cas de pluralité de pays. Les miels importés proviennent principalement de Chine, Ukraine, Argentine, Hongrie, Espagne et Italie.