Référence agro

Maïs OGM NK 603 : l’étude qui fait polémique

Le | Agrofournisseurs

La revue scientifique Food and Chemical toxicology a publié le 19 septembre une étude scientifique sur la toxicité à long terme de l’herbicide RoundUp et du maïs OGM NK 603 tolérant au RoundUp de la société Monsanto. Elle montre « des résultats alarmants », a déclare Gilles-Eric Séralini, de l’Université de Caen, également président Conseil scientifique du Criigen, le Comité de recherche et d’informations indépendantes sur le génie génétique, qui a en partie dirigée cette étude. Gilles-Eric Séralini a déjà réalisé de nombreuses études sur les OGM, et est notamment connu pour ses prises de positions anti-OGM. Une publication qui arrive tout juste avant la sortie de son livre « Tous cobayes », programmée le 26 septembre. Quoiqu’il en soit, ce travail a suscité de nombreuses réactions, dont celle, immédiate du gouvernement. Quel est le protocole ? 200 rats ont été testés pendant deux ans, de 2009 à 2011, répartis en plusieurs groupes, et ayant une nourriture équilibrée, souligne les auteurs : alimentés avec du maïs OGM NK 603 cultivé sans RoundUp, avec du maïs OGM NK 603 cultivé avec du RoundUp, alimentés avec du maïs non OGM proche du NK 603 et buvant une eau contenant de faibles doses de l’herbicide à trois doses (0,1 ppb, 400 ppm, 0,5 %), et des rats témoins alimentés avec du maïs non OGM proche de la forme transgénique. La part du maïs dans l’alimentation s’établit à 11, 22 et 33 %, chez l’ensemble des rats. Les résultats montrent que les rats non témoins présentent des mortalités deux à trois fois plus rapides que les témoins et des maladies. Mais quelle est la part liée à l’OGM, à l’herbicide, aux effets combinés de l’OGM et de l’herbicide, à la durée de l’alimentation  ? « On s’est aperçu que les rats nourris avec du maïs OGM non traités au Round up avaient des symptômes similaires à ceux mangeant de l’OGM traités, répond Joël Spiroux, médecin et président du Criigen, contacté par Référence environnement. Ce qui montre l’impact métabolique de l’OGM. Cela a été notre grande surprise car nous pensions qu’il y aurait plus de différence entre l’OGM non traité et traité avec le RoundUp. » Une des particularités de l’étude est qu’elle a été conduite sur deux ans, contre quelques mois dans les processus d’autorisation. L’alimentation serait-elle responsable de ces maladies ? « Non, réplique Joël Spiroux. Si c’était le cas, les rats témoins présenteraient autant de pathologies, ce qui n’est pas le cas. » Des résultats robustes, selon les auteurs Les auteurs affirment que les résultats sont robustes. « La fiabilité a été validée par la revue scientifique dans laquelle nous publions, qui édite aussi des publications pro-OGM, poursuit Joël Spiroux. Notre travail n’est toutefois pas fini. Nous allons poursuivre l’étude pendant un an, utiliser la génomique pour mieux comprendre les mécanismes et expertiser nos résultats. » Reste que la polémique est entière. « On nous accuse d’avoir intégré des processus peu rigoureux, c’est tout l’inverse, explique Nicolas Defarge qui a également participé à l’étude. Il s’agit d’un travail minutieux, qui a impliqué un statisticien expérimenté ». Le gouvernement a missionné l’Agence nationale de sécurité sanitaire pour analyser la fiabilité du travail scientifique. Des résultats à suivre de près.