Marchés de l’appro : fluctuations plutôt positives
Le | Agrofournisseurs
Globalement, le marché de l’appro ne se porte pas si mal. Mais de grosses différences subsistent selon les secteurs : différences dues au climat, à la pression environnementale, à la conjoncture internationale ou encore à la fiscalité. Tels sont les éléments qui ressortent du forum agrofourniture organisé le 22 novembre à Paris par l’Afja (1) et le Syrpa (2). En matière de fertilisants, la campagne 2011/2012 enregistre un chiffre de 8,6 Mt d’engrais produits, soit une baisse de 13 % par rapport à la campagne précédente, alors que les amendements minéraux basiques progressent de 8,4 % à 2,1 Mt. En matière de protection des plantes, le marché français a progressé de 5 % en 2011/2012, à 1,98 milliard d’euros. Quant aux semences et au machinisme, le marché se porte bien. L’alimentation animale en revanche traverse une période difficile. G.P.
(1) Afja : Association française des journalistes agricoles, de l’alimentation, de l’environnement et de la ruralité. www.afja.net
(2) Syrpa : association qui rassemble les professionnels de la communication en agriculture au sens large : agriculture, alimentation, ruralité, environnement… www.syrpa.com
Sur une moyenne de trois ans, l’azote perd 7 %, un meilleur pilotage de la fertilisation azotée étant une explication. Mais les autres produits progressent : + 7 % pour le phosphore, + 2 % pour le potassium, + 3 % pour le magnésium et le soufre et + 12 % pour les correcteurs d’acidité du sol.
Gilles Poidevin, délégué général de l’Unifa, a rappelé que l’industrie européenne des fertilisants assurait à l’agriculture française une autosuffisance de 80 % en azote, 79 % en potassium, 100 % en correcteurs d’acidité, 0 % en phosphore dont les stocks mondiaux restent très élevés. L’inquiétude vient plutôt du côté de la compétitivité des entreprises, avec une lourde fiscalité et une concurrence accrue due au prix du gaz naturel qui représente 80 % du coût des engrais azotés. Le gaz « non conventionnel » bouleverse le marché qui accroit la compétitivité des USA. Sans oublier tous les problèmes liés à la taxe carbone.
Progression des phytos
La météorologie capricieuse et une forte pression parasitaire et des adventices expliquent la progression des produits de protection des plantes. Les fongicides, qui représentent 32,7 % du marché, restent stables à 648 M€. Stabilité aussi pour les insecticides à 151 M€, soit 7,6 % du marché. Les herbicides (45,8 % du marché) progressent de 6 % à 907 M€. L’UIPP a rappelé que la France reste le premier producteur et premier exportateur de produits phytos dans le monde. Son directeur général Jean-Charles Bocquet a souligné le contexte toujours difficile dû à des décisions politiques basées sur le principe de précaution, des initiatives parlementaires et au poids des médias.
Les semences vont bien
L’export est le point fort du secteur semences. Le chiffre d’affaires 2011/2012 s’élève à 2 930 M€ dont 1 696 M€ pour le marché intérieur. Le reste se répartit à 869 M€ pour le marché européen et 365 M€ vers les pays tiers. La balance commerciale est de 66 M€, soit + 11 %. La filière semences contribue pour 18,6 % au solde de la balance commerciale des produits agricoles. Les maïs & sorgho représentent 33 % du chiffre d’affaires, suivis par les potagères et florales pour 21 %, les céréales et protéagineux représentant 13 %. Pour Joël Bosson, de l’UFS, Union française des semenciers, « la France est le cœur de l’Europe en matière de semences et le pays le plus sûr en matière de production », rappelant que notre pays a atteint 100 % de ses objectifs 2012 alors que la Hongrie n’a pu atteindre que 40 à 50 % des siens. Parmi les problèmes évoqués, la difficulté de trouver des surfaces de production reste majeure.
Alimentation animale : conjoncture toujours difficile
« La France a perdu son leadership européen au profit de l’Allemagne », expliquait Stéphane Radet, directeur du Snia, Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale. Le tonnage d’aliments produit en 2011 s’élève à 21,3 Mt, les chiffres 2012 s’annonçant à 21,1 Mt, soit une baisse d’environ 0,6 à 1 %. Sur les 9 premiers mois de l’année, l’aliment bovin progresse de 1,3 %, les porcins reculent de 3,4 % avec -4,7 % pour les aliments dédiés à l’engraissement. Toutes les catégories volailles baissent de 1 % à l’exception des dindes qui progressent de 1,9 %. Stéphane Radet rappelle que la matière première entre pour 80 % dans le coût de l’aliment, 77 % de cette matière première provenant de France. Il souligne également le potentiel restant en matière d’élevages dont l’évolution est freinée par la distorsion de concurrence internationale notamment en matière de contraintes réglementaires. Reste aussi l’inquiétude, en matière de transport, de la remise en cause des véhicules de 44 tonnes : la profession ayant conçu toute son organisation et ses outils en fonction de ce chiffre.
Machinisme : niveau record pour la France
Le machinisme progresse dans le monde entier. L’Union européenne arrive en tête avec une production de 26,3 milliards d’euros, suivie par l’Amérique du Nord à 19,8 milliards € et la Chine à 13,8 milliards €. La prévision pour 2012 pour le marché français est de « 5,43 milliards d’euros, un niveau record » souligne Alain Savary, le délégué général Axema, Union des industriels de l’agroéquipement. Et 2013 s’annonce bien. Parmi les tendances, place à l’automatisation (passant de l’assistance à l’autonomie), une gestion de l’information, une meilleure productivité et davantage de sécurité.