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Medinbio cherche le rendement du conventionnel sans la chimie

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Depuis 2013, date de sa création, la société belge Medinbio a accompagné douze filières à produire autant sans apporter de produit phytosanitaire de synthèse. Forte de ses résultats, la société ambitionne de tripler son chiffre d’affaires d’ici à trois ans. Rencontre avec son dirigeant fondateur, Thierry Picaud.

Medinbio cherche le rendement du conventionnel sans la chimie
Medinbio cherche le rendement du conventionnel sans la chimie

Après neuf ans d’existence et l’accompagnement de douze filières agricoles en France et à l’étranger, la société belge Medinbio, spécialisée dans « l’agriculture bio intensive », est prête à communiquer. « Nous sommes armés pour répondre à tous les sceptiques », justifie Thierry Picaud, son dirigeant fondateur.

Medinbio se présente comme un consultant en agroécologie, un intégrateur de solutions et un développeur de produits. Sa raison d’être ? Accompagner toute filière souhaitant aller vers une production sans produit phytosanitaire de synthèse mais au rendement similaire à du conventionnel.

Ingénieur agronome de formation, Thierry Picaud possède trente ans d’expérience dans les alternatives. Il a auparavant créé l’entreprise Phytosynthèse devenue leader en phytothérapie animale en Europe. Fort de cette expérience, Thierry Picaud a décidé de passer du poulet sans antibiotique à des cultures sans produits phytosanitaires. Pour lui, le raisonnement reste le même : avoir une approche globale, stimuler le vivant pour le rendre plus apte à combattre les bioagresseurs, puis intervenir si besoin avec des actifs d’origine naturelle.

Une méthode fondée sur la revitalisation du sol

Obtenir une nutrition/santé optimisée, profiter du système immunitaire de la plante et piloter les équilibres biologiques pour réguler les problématiques, tels sont les fondamentaux de l’approche système de Medinbio. « Notre méthode repose sur un sol vivant, car renforcer la plante depuis sa racine et stimuler la rhizosphère avec des microorganismes constitue 50 % de la solution, explique Thierry Picaud. Des stimulateurs des défenses naturelles sont ensuite apportés, avec l’appui d’OAD, comme le sont, si nécessaire, des actifs naturels. »

Les programmes sont co-construits, sur mesure, avec les responsables agronomiques de la filière faisant appel à la société. Une recherche bibliographique est réalisée pour aboutir à des suggestions d’axes de travail. Les essais sont d’abord conduits et accompagnés sur des parcelles de groupes pilotes de trois à cinq agriculteurs. Le déploiement, qui arrive en trois ou quatre ans, est quant à lui suivi par bassin de production. L’ensemble est orchestré par les douze collaborateurs de la société, qui constituent une équipe pluridisciplinaire.

Les déploiements de filières agroécologiques accompagnées par la société ont déjà concerné la fraise, la pomme de terre, les pommes, les carottes, la salade, la mâche, la tomate, l’oignon, le melon, les asperges, la banane et le raisin. Medinbio est en passe de créer avec le groupe Laffort la joint-venture Almavitis, une société dédiée à la viticulture et à la santé de la vigne. D’autres filières sont en construction, notamment sur céréales avec Axéréal.

Formulation d’actifs naturels personnalisés

Medinbio formule et fabrique, dans son unité de 800 m2 située en Belgique, des actifs naturels personnalisés, adaptés aux besoins de chaque problématique, comprenant micro-organismes et extraits de plantes. L’expérience de Thierry Picaud en matière de phytothérapie, de sourcing, d’extraction et de formulation d’actifs végétaux sert désormais au monde végétal.

« Nous ne nous limitons pas à nos innovations, précise toutefois le dirigeant. Nous analysons, pour chaque problématique, les forces et les faiblesses de toutes les solutions d’origine naturelle disponibles sur le marché. »

Pour le dirigeant, la France, avec sa réglementation sur les préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP) et sur les solutions de biocontrôle, est un terrain favorable au déploiement de filières sans produits phytosanitaires de synthèse.

Pour les filières aux démarches valorisantes

« Nous nous adressons à toutes les filières qui ont une démarche valorisante, comme la HVE, le zéro résidu de pesticides ou zéro pesticide, reprend Thierry Picaud. Certaines filières font également appel à la société en cas d’impasse technique, comme par exemple l’oignon, suite à l’interdiction du mancozèbe. »

La condition sine qua non requise : une direction partante pour le changement. « Car l’approche révolutionne les systèmes de cultures conventionnels. Il faut que la direction de la structure y croit, soit motrice. »

Les nouveaux itinéraires culturaux peuvent s’avérer plus coûteux. « La transition pour rétablir un sol vivant est coûteuse, mais ensuite le surcoût est faible, voire nul si l’agriculteur s’approprie rapidement la démarche et se montre technique pour les traitements foliaires », modère Thierry Picaud.

Quant à la prise de risque, elle est relativement facilement acceptée puisque le recours aux produits phytosanitaires de synthèse est toujours possible. « Les agriculteurs ne sont pas en bio, mais cheminent sur cette voie », conclut le dirigeant. L’entreprise ambitionne de tripler son chiffre d’affaires dans les trois ans. Ce dernier s’élevait à 1,5 million d’euros en 2020.