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Mortalité des abeilles dans l’Ariège, BASF veut démontrer l’innocuité du Voxan

Le | Agrofournisseurs

Suite à un cas de surmortalité d’abeilles jugé par le tribunal de Foix le 3 juin et attribué à un épandage du fongicide Voxan de BASF, la firme annonce engager une procédure judiciaire pour démontrer l’innocuité de son produit. Faute de n’avoir pu au moment du procès exposer les faits scientifiquement, elle saisit le tribunal au motif de tierce opposition.  

Mortalité des abeilles dans l’Ariège, BASF veut démontrer l’innocuité du Voxan
Mortalité des abeilles dans l’Ariège, BASF veut démontrer l’innocuité du Voxan

Les faits se situent dans l’Ariège et remontent à deux ans, mais le jugement vient de tomber, rendant responsable de pertes d’abeilles le fongicide Voxan autorisé sur blé. Le 3 juin, le tribunal de Foix a statué que « la cause exclusive de la Mortalité des abeilles de l’apiculteur Nicolas Puech est une intoxication aiguë suite à la pulvérisation de Voxan ». La société BASF indique avoir appris la décision du tribunal de Foix par voie de presse et n’avoir jamais été sollicitée pour apporter des éléments scientifiques sur l’un de ses produits. « Nous n’avons pas pu faire valoir nos arguments, explique Jean-Marc Petat, directeur agriculture durable de BASF Agro France. Nous avons décidé d’assigner l’ensemble des parties de cette affaire, l’apiculteur, l’agriculteur et l’assureur, au motif de tierce opposition car le dossier relève trop d’incohérences. Pour BASF, comme pour l’ensemble des filières agricoles et apicoles, il est essentiel de comprendre ce qu’il s’est passé en Ariège. »

Dans les faits, l’apiculteur aurait placé ses ruches près d’une parcelle de blé en avril 2018. Informé à l’époque par la presse de cet incident en mai, les équipes techniques de BASF et leur experte abeilles ont cherché à comprendre la responsabilité du fongicide à partir des « informations fragmentaires disponibles ». L’entreprise a aussi sollicité l’avis des autorités sanitaires compétentes (DGAL) et le service de phytopharmacovigilance de l’Anses a été informé. « Les autorités sanitaires n’avaient pas jugé opportun de lancer de plus amples investigations, malgré leur attention très forte aux problématiques abeilles », indique le communiqué de BASF.

Des manquements au dossier

Suite au jugement du tribunal de Foix, BASF a souligné plusieurs manquements. Aucune analyse de résidus phytosanitaires, ni à aucune analyse sanitaire des abeilles avec recherche de maladies ou de parasites n’ont été effectuées. L’examen clinique vétérinaire du rucher intervient tardivement, soit deux semaines après l’incident. « Selon le rapport d’expert vétérinaire, les abeilles ne sont pas mortes dans les ruches. Il n’y avait pas non plus de reste d’abeilles devant les ruches, ni à proximité.  Il existe une ambiguïté entre « disparition » et « mortalité » d’abeilles », interpelle BASF. Quant aux pratiques agricoles, BASF rapporte que le Voxan a été appliqué de nuit, en dehors d’une période de butinage, dans de bonnes conditions, avec absence de vent, sur une parcelle de blé, par définition non attractive pour les abeilles.

Pas de toxicité pour les abeilles dans les essais du dossier d’homologation

En se rapportant au dossier d’homologation et aux essais complémentaires menés dans les tunnels sur culture attractive, l’entreprise précise qu’ «  ayant volontairement exposé des abeilles au Voxan dans le cadre de leur activité de butinage et de pollinisation et n’ayant observé aucune toxicité, il est clair que ce fongicide, utilisé dans les conditions d’emploi autorisées, ne peut être considéré comme responsable des mortalités d’abeilles du rucher de cet apiculteur. »

Les utilisations du fongicide Voxan ne seront plus possibles après la date du 30 juillet 2020. Pour couper court à tous liens avec les SDHI, BASF rappelle que cette décision est liée au retrait de l’époxiconazole et non à la substance SDHI qu’il contient aussi. « L’innocuité des SDHI pour les abeilles a été réaffirmée à de nombreuses reprises par l’Anses, l’autorité compétente en la matière », insiste Jean-Marc Petat.