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Néonicotinoïdes : des restrictions non justifiées, selon Bayer et Syngenta

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Le 27 avril, les experts des États membres de l’UE ont adopté la proposition de la Commission européenne de restreindre l’utilisation de trois molécules de la famille des néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxam) aux seuls usages sous serres permanentes. Les associations environnementalistes comme Générations futures et Pollinis s’en félicitent et appellent à une interdiction totale de toutes les molécules ayant le même mode d’action.

Inquiétudes quant aux futures conséquences

Pour Bayer et Syngenta, en revanche, ces nouvelles restrictions européennes ne sont pas justifiées, pénalisent les agriculteurs et ne résoudront pas le déclin des abeilles. « Les preuves scientifiques montrent clairement que les néonicotinoïdes représentent une menace minimale pour la santé des abeilles par rapport au manque de nourriture, aux maladies et au froid », précise Syngenta. Bayer, pour sa part, signale que « même selon les critères d’évaluation extrêmement prudents de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), les rapports les plus récents ne présentaient pas de risques élevés pour de nombreux usages néonicotinoïdes. » Et la société de s’interroger sur les impacts d’une telle décision : retour aux produits plus anciens et moins efficaces, coûts supplémentaires pour les agriculteurs, augmentation des applications foliaires, risque accru de présence d’insectes nuisibles résistants…

Les deux sociétés avaient porté recours sur les premières mesures de réductions d’usages prises en 2013. La Cour européenne doit rendre arrêt de ces affaires le 17 mai. Les conclusions pourraient influer sur les nouvelles restrictions.

Quid des dérogations prévues en France ?

Les nouvelles mesures devraient être applicables d’ici à la fin de l’année, précise la Commission européenne. En France, les néonicotinoïdes seront interdits dès le 1er septembre 2018, mais la réglementation prévoit de possibles dérogations jusqu’au 1er juillet 2020. Quid alors de ces dérogations ? La réponse reste floue à ce jour…

L'Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (Aibs) parle de « tsunami », avec « de très graves conséquences économiques pour les agriculteurs et l’industrie sucrière. » Elle rappelle que l’Efsa a récemment estimé qu’il n’existait pas de risque pour les pollinisateurs au travers de l’utilisation de néonicotinoïdes sur la culture de la betterave, et que l’Anses confirme qu’il n’existe pas d’alternatives pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse. « Avec cette interdiction, toutes les régions françaises risquent d’être touchées par la jaunisse virale, avec des pertes potentielles de rendement estimées à 12 % au niveau national, et pouvant aller jusqu’à 50 % dans certaines zones de climat océanique », déclare l’Aibs. Selon elle, « les seuls vrais gagnants de ce vote seront les producteurs de sucre des pays tiers, qui bénéficient de normes environnementales et sociales beaucoup plus souples. »