Néonicotinoïdes : l’Anses préconise le renforcement des restrictions d’emploi
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De nombreuses incertitudes subsistent sur les risques liés à l'utilisation d'insecticides à base de substances néonicotinoïdes pour les abeilles et les autres pollinisateurs, reconnaît l'Anses. Dans un avis publié le 12 janvier 2016, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail recommande alors de renforcer les conditions d'emploi des produits phytosanitaires contenant de la clothianidine, de l'imidaclopride ou du thiaméthoxam.
Elle propose :
- pour les usages en traitement de semences sur une culture non attractive, de limiter l'implantation de cultures suivantes à des cultures non attractives pour les abeilles et les autres pollinisateurs ;
- pour les usages en traitements de semences sur céréales d'hiver, de limiter les utilisations aux parcelles ne se situant pas à proximité de zones non cultivées en fleurs, à des périodes où la température ambiante n'est pas durablement compatible avec l'activité des butineuses ;
- pour les usages en pulvérisation après la floraison sur vergers et vigne, de maintenir les AMM qu'à la condition que les titulaires des AMM fournissent dans un délai d'un an des résultats d'analyses de résidus présents dans les fleurs l'année qui suit le traitement et que ces résultats démontrent l'absence de risques inacceptables pour les abeilles.
L'Anses liste également les usages autres que les traitements de semences et granulés pour lesquels les risques pour les abeilles domestiques, les bourdons et les abeilles sauvages sont acceptables :
- sous serre permanente ;
- sur cultures non attractives, pérennes et non pérennes, dans certaines conditions, ou lorsque des mesures de gestion sont appliquées afin de limiter l'exposition des abeilles (lorsque les adventices dans la parcelle ne fleurissent pas, lorsque les cultures suivantes ne sont pas attractives, et en l'absence de cultures adjacentes en fleur ou de zones non cultivées adjacentes en fleur) ;
- sur des cultures attractives non pérennes lorsque l'application est réalisée après la floraison ou lorsque les cultures sont récoltées avant floraison, et lorsque les mêmes mesures que précédemment sont appliquées.
Selon l'Agence, ces conditions restrictives d'emploi, qui ont pour effet de limiter l'exposition des abeilles et autres pollinisateurs, doivent être appliquées aux préparations actuellement sur le marché.
Concernant les substances acétamipride et thiaclopride, l'Anses attend, pour publier son avis, les conclusions des nouvelles évaluations européennes conduites dans le cadre de la procédure de réapprobation. Pour l'acétamipride, elles devraient être disponibles dans le courant du premier semestre 2016.
Le thiaclopride, quant à lui, a récemment fait l'objet d'une proposition de classification cancérigène de catégorie 2 et reprotoxique de catégorie 2 par l'Echa. « Ce classement conduit, sous certaines conditions, dans l'attente de l'adoption de critères au niveau européen, à considérer la substance comme ayant des effets perturbateurs endocriniens, ce qui pourrait conduire à une non-approbation », note l'Anses.
Enfin, côté européen, l'Efsa, l'Autorité européenne de sécurité des aliments, précise que ses évaluations actualisées des risques pour les abeilles associés à la clothianidine, l'imidaclopride et au thiaméthoxam utilisés en traitements de semences ou en granulés ne seront finalisées qu'en janvier 2017.