Néonicotinoïdes : les partisans de l’interdiction font entendre leurs voix
Le | Agrofournisseurs
L’intégration au texte d’une interdiction d’usage pour les pesticides de la famille des néonicotinoïdes continue de faire débat. Si l’Assemblée s’est positionnée en seconde lecture pour cette interdiction à l’horizon 2018, le verdict des sénateurs pourrait être plus réservé : en première lecture, ils avaient opté pour un « simple » durcissement des conditions d’utilisation de ces produits.
Au Sénat, initialement contre l’interdiction, les lignes bougent
Hôte de la conférence, le sénateur Joël Labbé, qui a déjà organisé des discussions sur le sujet, a toutefois indiqué que les lignes bougeaient progressivement. « Jérome Lignon, rapporteur de cette loi au Sénat, va proposer un amendement portant l’interdiction à l’horizon 2022, explique-t-il. Même si le délai est lointain, c’est une première dans le parcours législatif du texte. » Joël Labbé rejoint la position de l’Assemblée, l’année 2018 offrant pour lui aux agriculteurs et aux professionnels de l’agrofourniture le temps d’appréhender le changement.
Des alternatives existent selon les ONG…
Pour Gilles Lanio, président de l’Union nationale des apiculteurs de France, le plus tôt sera le mieux : « Vue la rémanence des produits, une fois l’interdiction appliquée, il faudra encore attendre deux ans avant que les effets ne soient palpables pour la biodiversité. » Pour lui comme pour les autres intervenants, l’interdiction des néonicotinoïdes ne conduisait à aucune impasse technique. Le biocontrôle, la protection physique dans le cas de l’arboriculture, ou encore le recours à d’autres produits de synthèse moins nocifs ont été cités comme alternatives.
…insuffisantes, répond l’Assemblée générale des producteurs de blé
Une posture battue en brèche par l’Assemblée générale des producteurs de blé (AGPB) par communiqué le jour même : « Prétendre que l’interdiction de cette famille n’a aucune conséquence sur les rendements relève soit de l’ignorance, soit de la tromperie. » L’AGPB rappelle les postures de l’Anses et de l’Efsa (autorités française et européenne de la sécurité sanitaire), qui ne préconisent « aucunement » l’interdiction des néonicotinoïdes. Et affirme que celle-ci ferait « régresser les performances de nos exploitations céréalières » et « pénaliserait les industries dont l’activité est liée aux niveaux des récoltes. »
Le risque de concurrence inéquitable avec les autres pays européens est également évoqué. Un risque que Joël Labbé ne nie pas : pour lui, l’interdiction doit effectivement dépasser l’hexagone. Il espère en ce sens qu’une décision forte d’un pays comme la France peut être générateur d’une réflexion communautaire.
* Agir pour l’environnement, la Confédération paysanne, la Fondation Nicolas Hulot, Générations futures, Greenpeace, l’Unaf, FNE, la LPO