OGM : Bruxelles refile la patate chaude aux États membres
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La Commission européenne a autorisé le 2 mars la culture de la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora pour usage industriel. En même temps, les maïs Mon863 x Mon810, Mon863 x NK603 et Mon863 x Mon810 x NK603 ont obtenu une autorisation d’importation, de transformation et d’utilisation en alimentation humaine et animale pour dix ans. La commission a par ailleurs annoncé son intention de soumettre d’ici à l’été une proposition visant à laisser aux États membres plus de liberté dans la décision de cultiver ou non des OGM. J.P. Pour justifier sa décision, prise par procédure écrite à l’unanimité, alors que le précédent commissaire aux Consommateurs y était opposé, la nouvelle Commission a rappelé que l’Agence européenne de sécurité des aliments, l’AESA, avait jugé que la pomme de terre Amflora ne posait pas de problème pour la santé et qu’une somme considérable d’avis scientifiques parvenait à la même conclusion. Selon Basf qui a mis au point la variété, quatre pays de l’Union pourraient rapidement décider de la cultiver : l’Allemagne, la République tchèque, la Suède et les Pays-Bas. « Nous n’avons pas prévu, à ce jour, de la proposer aux industriels français et souhaitons tenir compte des particularités et des demandes de chaque pays », précise un communiqué du groupe. __Protestation des écologistes … et de Chantal Jouanno__ Les défenseurs de l’environnement font, au contraire, valoir que cette pomme de terre contient un gène marqueur de résistance aux antibiotiques qui pourrait être disséminé dans la nature. A peine le feu vert rendu public, le ministre italien de l’Agriculture a officiellement dénoncé cette décision et le député Vert français, José Bové, a appelé « la Commission à sortir de sa tour d’ivoire et à revenir sur sa décision ». L’organisation des Amis de la terre a également dénoncé la décision de Bruxelles . « C’est une mauvaise journée pour les citoyens européens et l’environnement », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Le gouvernement français a fait savoir qu’avant de se prononcer, il saisirait le haut conseil des biotechnologies (HCB), le collège d’experts créé en 2008 par la loi sur les OGM. Mais sans attendre Chantal Jouanno, secrétaire d’État chargée de l’Écologie, a donné son avis : « La France et l’ensemble des pays européens, à l’unanimité, avaient demandé en décembre 2008 à la Commission de changer de procédure. Elle ne l’a pas fait. Sur le fond, on ne reconnaît pas cette expertise », a-t-elle déclaré le 3 mars. Et d’ajouter : « Ce qu’on conteste aujourd’hui, c’est une proposition d’OGM dont ne voit pas ce qu’elle apporte : pourquoi accepter les incertitudes environnementales alors qu’on ne voit pas les bénéfices ? Notre position est très claire et elle n’a pas changé depuis le Grenelle de l’environnement : oui à la recherche et à l’expertise, non aux OGM qui nous sont imposés », a-t-elle martelé.