Perturbateurs endocriniens : plaidoyer pour un changement d’approche du risque
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De nombreux scientifiques et médecins, réunis lors d’un colloque organisé par le Réseau environnement santé (RES), le 14 septembre à l’Assemblée nationale, ont plaidé pour une nouvelle évaluation des risques liés aux perturbateurs endocriniens. Ces substances, présentes dans de nombreux produits chimiques ou naturels, dont certaines spécialités phytopharmaceutiques, seraient responsables d’un grand nombre de maux irréversibles chez la faune sauvage et chez l’homme : baisse de la fertilité, anomalies congénitales, cancers du sein et des testicules, diabète, obésité… « Ces effets sur les animaux sont prouvés, a souligné Ana Soto, professeur à la faculté de médecine de l’université de Tufts à Boston. Faut-il attendre de les constater sur l’homme ? Je pense que par principe de précaution, une action publique protectrice s’impose ! » G.G.
Photo : de gauche à droite. Gérard Bapt, député et président du groupe Santé environnement à l’Assemblée nationale ; Bérengère Poletti, députée et présidente du groupe de suivi du Programme national santé environnement ; Gérard Lasfargues, directeur général adjoint de l’Agence nationale de sécurité sanitaire.
Le dilemme est bien là : les effets sont difficiles à mettre en évidence chez l’homme. Mesurer une exposition prolongée à faibles doses de différentes substances n’est pas aisé, surtout lorsque les incidences se présentent longtemps après, voire sur la génération suivante.
« Une approche collective multidisciplinaire est en effet nécessaire pour aborder les questions d’incertitudes qui demeurent dans l’évaluation des risques, parmi lesquelles on trouve l’effet cocktail et les périodes critiques d’exposition », a souligné Gérard Lasfargues.
Pour le directeur général adjoint de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, une réponse est à donner en termes de principe de précaution, avant même l’arrivée de la réglementation européenne, qui risque de tarder à venir. Et de proposer un nouveau schéma d’évaluation des risques qui permettrait de recommander des mesures adaptées allant de l’information à l’interdiction des substances.