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Phyto, abeille et marge brute sur colza : Terres Inovia réagit à l’étude CNRS/Inra

Le | Agrofournisseurs

Nous relayions, dans notre dernière lettre d’information, l’étude publiée le 9 octobre dans Proceedings of the royal society London B. Portée par des chercheurs de l’Inra et du CNRS, elle compare les contributions des pollinisateurs, d’une part, et des pesticides, de l’autre, à la rentabilité du colza. L’étude aboutit à cette conclusion : si les pesticides et les pollinisateurs contribuent tous les deux à un meilleur rendement, la pollinisation par les abeilles permet une rentabilité économique plus élevée.

Terres Inovia nuance les conclusions tirées sur les abeilles…

Pour Terres Inovia, les enseignements de ce travail doivent être abordés plus finement. L’étude évoque ainsi un gain moyen de 1,1 q/ha par genre de pollinisateur supplémentaire présent dans une parcelle. « Le rendement est rendu variable par tellement de facteurs qu’il aurait été souhaitable de donner une fourchette de variabilité autour de ce gain moyen, explique David Gouache, directeur de recherche de l’institut technique. De plus, l’étude aborde le nombre de pollinisateurs par parcelle sans la notion d’incertitude. Il n’est pas évoqué la possibilité qu’une parcelle considérée  »à trois types de pollinisateurs«  puisse en avoir en fait deux, ou quatre… »

S’il admet que cette partie de l’étude s’appuie sur une abondance de données « remarquables », et qu’elle est « conforme à ce que dit la littérature scientifique existante », il appelle donc à la nuance. D’autant que les chiffres les plus mis en avant par l’Inra et le CNRS relèvent de la comparaison des cas extrêmes. « Les +37,5 % de rendement, très largement repris dans la presse, ne sont pas une moyenne mais le delta entre les parcelles très pauvres en pollinisateurs et celles très pourvues », insiste-t-il.

…et juge l’analyse de la contribution des intrants « inexploitable »

Mais, selon Terres Inovia, le plus grand biais vient de l’étude des intrants, dont les pesticides, « relevant de la faille méthodologique ». « L’approche retenue pour étudier l’effet de ces intrants s’appuie sur des modèles linéaires, explique David Gouache. En clair, on estime qu’il y a une forme de proportionnalité entre dose apportée et contribution au rendement, alors que ce n’est pas réaliste. Plusieurs facteurs ont leur influence : la pression des ravageurs, la quantité de biomasse… » Selon lui, l’étude manque de sensibilité agronomique. « En tous les cas, les conclusions sur la contribution des intrants, et donc sa comparaison avec la contribution des pollinisateurs, sont inexploitables », affirme David Gouache.

Terres Inovia ne veut toutefois pas de méprise sur sa prise de position : pas question de nier le rôle bénéfique des abeilles. « Oui, l’idée d’un gagnant-gagnant entre auxiliaires et pollinisateurs du colza et production est réelle, et souvent mise en œuvre ! conclut David Gouache. Et oui, l’utilisation des pesticides est et doit être raisonnée en s’appuyant sur des pratiques qui intègrent les services écosystémiques et les insectes auxiliaires, dont les pollinisateurs. »