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Phytos : des approvisionnements tendus en raison du verdissement chinois

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Dans le cadre de son plan d’amélioration de la qualité de l’air « Blue Skies », la Chine a décidé de rendre son secteur chimie plus « vert ». Une décision louable, mais qui n’est pas, à court terme, sans conséquences sur l’approvisionnement de molécules phytosanitaires. « Les derniers programmes gouvernementaux ont imposé des mesures de développement durable contraignantes au secteur de la chimie, visant notamment à faire baisser la concentration de particules fines dans l’air, explique Simon Cheylan, directeur marketing stratégique chez Adama, dont la société mère est le chimiste chinois ChemChina. De nombreuses usines jugées polluantes ont dû fermer au moins partiellement ou temporairement. On estime que plus d’un tiers des usines ont été contraintes à ces fermetures ou sujettes à des amendes. Cette mise aux normes a impacté à la fois la disponibilité et le prix d’un grand nombre de solutions phytosanitaires dans le monde. »

Chez Adama, l’impact s’est ressenti sur les molécules fongicides comme le prochloraze ou herbicides comme la métamitrone ou le diflufénicanil (DFF). « Nous avons connu des pénuries, comme bien d’autres acteurs de l’agrochimie, reprend Simon Cheylan. Mais nous avons fait le maximum pour que ces coûts de revient en hausse impactent le moins possible les agriculteurs. »

La situation risque de perdurer

La mise aux normes des usines demande du temps et d’importants investissements, ce qui va entraîner une consolidation de l’industrie chimique chinoise qui compte des milliers d’usines. « Nous estimons que cette situation de tension devrait perdurer, précise le directeur marketing. Son impact économique est par ailleurs accentué par un dollar qui reste fort en 2019 et par une demande mondiale soutenue. » Pour autant, le responsable d’Adama demeure confiant sur le moyen et long terme. « 80 % de nos solutions sont formulées dans nos propres sites et pour l’approvisionnement en matières actives, nous avons un pied dans le pays : notre lien avec ChemChina, chimiste chinois majeur, nous permet de tirer notre épingle du jeu plus facilement. Nous nous efforçons également à donner de la visibilité à nos partenaires metteurs en marché. »
Pour faire face à cette tension, mais également aux retraits d’origine réglementaire de nombreuses solutions phytosanitaires, Simon Cheylan prône une plus grande anticipation, tant pour les fournisseurs que pour les distributeurs. « La sécurisation des approvisionnements est et demeure un enjeu majeur ! »