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Phytos/feuille de route gouvernementale : les firmes réagissent

Le | Agrofournisseurs

La feuille de route gouvernementale visant la réduction de l'utilisation des produits phytos, dont le projet a été dévoilé le 19 janvier, va bouleverser la mise en marché des spécialités. Les sociétés phytos n'auront pas d'autre choix que de s'adapter. Comment ? Reference-appro.com a recueilli l'avis de Bayer, BASF et Syngenta.


« Accélération », « virage »…, la volonté du Gouvernement de réduire l'utilisation des produits phytos est perçue comme forte et subie. L'incompréhension de cette ligne directrice demeure et le besoin de clarification de la stratégie agricole française se fait sentir. « La France fait tout pour ne pas utiliser son potentiel en matière de production et d'exportation », souligne Jean-Jacques Pons, directeur commercial chez BASF. « Dans le cadre de la mise en œuvre de la directive européenne 2009/128, la France est le seul État membre à se fixer des objectifs de réduction de l'utilisation des produits et non de réduction de l'impact, relève Xavier Thévenot, directeur de la communication et des affaires publiques chez Syngenta. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est écrit dans le rapport des trois inspections (IGAS, CGAAER, CGEDD). » Un rapport sur lequel le Gouvernement s'est pourtant appuyé pour élaborer son projet de feuille de route…


S'adapter !

Quoi qu'il en soit, les sociétés s'adapteront. « Parce que la France restera toujours un pays majeur en termes de potentiel, de marché, d'innovations, de développement », précise Patrick Ferbeck. Pour le directeur commercial de Bayer, l'ensemble de la filière va devoir évoluer et dans ce bouleversement, des opportunités existent, notamment dans les domaines de la digitalisation, des OAD… Le cap fixé pour les innovations est donné.


« Vendre des phytos aux agriculteurs n'est pas notre métier »

De nombreuses incertitudes demeurent sur la séparation du conseil et de la vente, le périmètre du mot conseil n'étant pas encore défini. Mais cette séparation, comme l'interdiction des rabais, va inévitablement bouleverser la mise en marché des produits. Elle ne devrait pas pour autant inciter les sociétés phytos à vendre en direct, dans les fermes. « Vendre des phytos aux agriculteurs n'est pas notre métier », affirme Xavier Thévenot.

Une plus grande transparence et une uniformisation du prix des produits sont annoncées. Avec, comme dans tous les secteurs d'activité, une évolution du modèle économique des distributeurs. « Les moyens de ventes digitalisés vont se développer, note Patrick Ferbeck. Mais ce modèle d'avenir n'est pas nouveau. »

La valorisation du conseil, elle, sera plus visible. « Nous nous assurerons que les conseillers, quels qu'ils soient, disposent de toutes les informations nécessaires », précise Bruno Pichery, coordonnateur des ventes chez Bayer. Les sociétés phytos n'abandonneront pas le conseil, du moins si la réglementation le leur permet. Elles continueront d'accompagner leurs gammes, avec des recommandations sur l'utilisation des produits et les bonnes pratiques.


Révision de la redevance pour pollutions diffuses : une taxe de plus !

Le projet de feuille de route prévoit de réviser la redevance pour pollutions diffuses (RPD). « La RPD est un moyen comme un autre de taxer un secteur d'activité déjà taxé, souligne Jean-Jacques Pons. Mais pourquoi toujours se fonder sur le danger et non sur le risque ? » Même vision chez Xavier Thévenot : « La RPD devrait être ciblée pour réduire les risques et les impacts ».


Soutien au biocontrôle : oui, mais la recherche demande du temps

Bien sûr, les sociétés phytos se félicitent de la volonté affichée par le Gouvernement de soutenir les produits de biocontrôle. Mais tous les responsables interrogés rappellent que la mise au point de telles spécialités nécessite autant, voire plus de temps qu'un produit conventionnel. Car le matériel travaillé est vivant. Dix ans minimum sont nécessaires pour mettre une telle innovation sur le marché.