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Phytos : les grands remaniements de portefeuilles reprennent, FMC crée la surprise

Le | Agrofournisseurs

Le 27 mars 2017, la Commission européenne a donné son feu vert à la fusion des deux multinationales agrochimiques américaines Dow et DuPont. Cet accord remet sur le devant de la scène que, dans ces circonstances, passage par les autorités de la concurrence oblige, un plus un ne fait pas deux. Inutile, dès lors, d'additionner les chiffres d'affaires des deux géants : DuPont doit céder une grande part de ses actifs, part qui correspond à plus des trois quarts de ses activités phytosanitaires en France. Qui va reprendre ces activités ? Un ou plusieurs acteurs ? BASF, qui était en première ligne, s'est vu exclu : la Commission européenne refuse toute concentration de R&D. Finalement, le suspens n'aura pas duré longtemps : un accord définitif a été annoncé le 31 mars 2017 entre DuPont et l'américain FMC Corporation. C'est donc FMC seul qui acquiert les herbicides de DuPont (1) hors maïs et soja, son portefeuille insecticides à base d'indoxacarbe, de cyazypyr et de rynaxypyr, ainsi que sa structure R&D, à l'exception des traitements de semences et nématicides et les programmes de recherche avancés. En contrepartie, DuPont récupère l'activité santé et nutrition de FMC, ainsi qu'1,6 milliard de dollars, dont une trésorerie de 1,2 milliard de dollars. Cette transaction devrait se terminer fin 2017 et mettre FMC à la cinquième marche du podium des sociétés mondiales de protection des plantes, avec un chiffre d'affaires estimé à 3,8 milliards de dollars.


Point positif : les investissements dans les innovations perdurent

Les remaniements de portefeuilles phytos reprennent donc. Qu'en sera-t-il avec la fusion de Bayer et de Monsanto ? Avec l'achat de Syngenta par ChemChina, qui possède déjà Adama ? Même si les recouvrements de gammes sont nettement moindres dans le domaine des phytos, on peut encore s'attendre à quelques réorganisations.

De plus en plus concentrée, la distribution agricole a gagné du poids face à ses fournisseurs. « Mais le rapport de force est loin d'être équilibré, souligne Hervé Gauthier, directeur général d'UNION TERRES DE FRANCE. Les fusions de nos fournisseurs phytos vont rendre les négociations sur les innovations encore plus complexes. »

Point positif sur lequel s'accordent les différents opérateurs : le potentiel d'innovations est consolidé. Les concentrations de R&D, engendrant des hybridations de recherches, peuvent même s'avérer bénéfiques.

« Notre intérêt est de voir les grandes multinationales poursuivre leurs investissements dans la recherche d'innovations, les sociétés moyennes continuer à défendre les molécules existantes et d'avoir d'autres firmes proposant des alternatives, précise Jean-Sébastien Bailleux, directeur du Pôle Partenaires Agrofourniture d'InVivo. Nous sommes à la recherche de toutes les solutions intéressantes et négocions avec toutes les sociétés. »

Les fusions attendues vont changer la nature de l'offre, les firmes étant en mesure d'offrir non seulement des phytos, mais également des semences, voire du data.


Les échéances approchent

Dow et DuPont espèrent obtenir l'accord des diverses autorités de la concurrence suffisamment tôt pour finaliser la fusion en août 2017. Suivra alors, dans les 18 mois, la scission en trois entités indépendantes, dont une spécialisée dans l'agriculture.

Sur le projet d'achat de Syngenta par ChemChina, la Commission européenne ne devrait pas tarder à donner son accord. Elle a jusqu'au 12 avril 2017 pour rendre sa décision. Ce rachat, qui devait initialement se conclure avant la fin 2016, est désormais attendu pour la fin du premier semestre 2017. Selon les dirigeants du groupe chimique chinois, Syngenta et Adama ne devraient pas fusionner. Le paysage agrochimique, en France, devrait, après le rachat de Monsanto par Bayer attendu avant la fin 2017, comprendre alors cinq fournisseurs en capacité d'investir suffisamment pour mettre sur le marché des solutions innovantes : Bayer/Monsanto, Syngenta, BASF, DowDuPont et FMC.


(1) Thifensulfuron, tribénuron, metsulfuron, chlorsulfuron, triflusulfuron, lenacil, flupyrsulfuron, éthametsulfuron et azimsulfuron. Ces cessions comprennent l'ensemble des immobilisations corporelles et incorporelles liées à ces produits (dont les installations pour la fabrication des produits) et le personnel concerné.