Phytosanitaires : un Nodu 2017 en légère hausse, à analyser dans le détail
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Selon l’annexe au projet de loi de règlement des comptes et rapport de gestion pour l’année 2017, le Nombre de doses unités de produits phytosanitaires (Nodu), serait de 94,2 millions en 2017. Un chiffre qui s’élevait à 93,9 millions en 2016 et 96 millions en 2015. La presse généraliste n’a pas hésité à relater ces chiffres, en titrant sur le fait que l’usage de pesticides est reparti à la hausse en 2017. Certes, l’indicateur remonte un peu en 2017, de 0,3 %. Mais l’analyse demande à être plus poussée.
Comparer des données sur plusieurs années
Juger d’une évolution d’utilisation de produits phytosanitaires en raisonnant à l’année n’est pas approprié, l’usage dépendant fortement des conditions climatiques. D’ailleurs, le commentaire des données par la direction générale de l’alimentation (DGAL), dans ce rapport, l’indique clairement : « Une hausse importante des principales substances utilisées pour la protection contre les maladies fongiques a été constatée cette année. La survenue d’événements climatiques très pluvieux dans une grande partie de la métropole s’est en effet révélé très favorable au développement des maladies fongiques. »
Prendre également en compte le QSA et affiner l’analyse
L’UIPP, l’Union des industries de la protection des plantes, tient à rappeler que deux indicateurs sont à prendre en compte : le Nodu, pour le nombre d’interventions, mais également la QSA, quantité de substance active. Or la QSA, enregistrée depuis longtemps par l’UIPP, a nettement baissé : alors que les tonnages oscillaient autour des 100 000 avant les années 2 000, ils restent inférieurs à 70 000 depuis 2010.
L’analyse de ces indicateurs doit par ailleurs être affinée, car ils peuvent être trompeurs. Par exemple, la suppression des néonicotinoïdes va, sur les betteraves, conduire à augmenter la QSA et le Nodu puisque les traitements de semences seront remplacés par deux ou trois applications foliaires contre les pucerons. Le passage en agriculture biologique, quant à lui, fait augmenter la QSA puisque les doses de matières actives apportées sont nettement plus conséquentes. « La France, en Europe, n’est que le dixième consommateur de produits phytosanitaires en tonnage à l’hectare, rappelle Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP. Et ce, avec des surfaces permanentes très importantes par rapport à d’autres pays. Or, ces cultures sont plus consommatrices. »
Des chiffres non définitifs
Enfin, le rapport précise bien que ce Nodu est calculé à partir des données de ventes des distributeurs de produits phytosanitaires, regroupées au sein de la BNV-d (banque nationale des ventes de produits par les distributeurs agréés), et que ces derniers peuvent amender leurs données durant trois ans. Les chiffres ne sont donc pas définitifs avant trois ans, raison pour laquelle le ministère chargé de l’Agriculture ne communique les Nodu que tardivement.