Plan Semences pour une agriculture durable, un rapport dresse l’état des lieux de la filière
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La recherche et la formation aux semences « à la croisée des chemins ». C’est la conclusion d’un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) rendu public le 18 juin 2019. Cet état des lieux était prévu dans le Plan semences pour une agriculture durable de 2016 et alors que le ministère de l’Agriculture réfléchit à un second plan. Si la performance de la recherche française et la qualité de l’offre de formation sont soulignées, le document rappelle néanmoins la perte d’attractivité de cette dernière.
Des bouleversements « inédits »
Le CGAAER insiste sur le « niveau inédit » avec lequel est aujourd’hui interrogé l’avenir de la filière semences. En ce qui concerne la recherche, le rapport cite la réglementation peu en faveur de l’utilisation des nouvelles techniques d’édition du génome (NPBT) ou la fin du deuxième Programme d’investissements d’avenir (PIA 2), à l’initiative de l’État et sans substitution pour l’instant. Le document fait également état des bouleversements mondiaux découlant de la vaste recomposition capitalistique du secteur, suite aux nombreux rachats et fusions.
S’il restait en 2017 cinq groupes français parmi les vingt premiers semenciers mondiaux, ces derniers sont désormais décrochés du groupe de tête en termes de chiffre d’affaires, et donc de budget dédié à la R&D, détaille le document. La transformation numérique, l’accélération du changement climatique et les investissements à réaliser pour atteindre l’objectif d'indépendance protéique complètent le cadre actuel du secteur semencier.
Sept recommandations pour la formation et la recherche
Face à ce constat, le CGAAER formule sept recommandations. Et en appelle à « un effort national et européen » pour faire face aux concurrences américaines et asiatiques. Le document préconise de relancer le développement variétal sur des espèces pour lesquelles le catalogue français est mal pourvu, d’évaluer davantage les mélanges, de lancer une expertise scientifique sur les semences paysannes, de mieux reconnaître la conservation des ressources phytogénétiques par des structures publiques et de lancer une expertise scientifique collective des nouvelles biotechnologies de sélection.
En ce qui concerne la formation, « essentielle pour conserver des positions de leader », le défi à relever concerne l’attractivité des cursus. Le rapport conseille de mettre en place dans l’enseignement technique agricole des contenus pédagogiques spécifiques aux enjeux majeurs du végétal, construire pour les élèves des cursus « Ingénieur » des parcours « Amélioration variétale » communs aux trois principales grandes écoles d’agronomie, et de coordonner au niveau national les cursus universitaires Bac+5 en « Biologie végétale et amélioration variétale »