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Polémique sulfoxaflor/abeilles : Dow AgroSciences confiante quant à l'évaluation des nouvelles données

Le | Agrofournisseurs

Le 27 septembre, Dow AgroSciences a obtenu l’AMM de deux insecticides, Transform et Closer, à base d’une nouvelle molécule issue de sa recherche, le sulfoxaflor. Pour ces deux AMM, l’Anses étudie actuellement de nouvelles données relatives aux risques pour les pollinisateurs. Celles-ci avaient été exigées pour fin août 2017, lors de l’autorisation européenne du sulfoxaflor. Saisie le 20 octobre 2017 par les ministres chargés de l’Écologie et de l’Agriculture, l’Anses doit déterminer d’ici au 20 janvier 2018 dans quelles mesures ces nouvelles données sont de nature à faire évoluer les deux AMM.

« Nous sommes confiants, souligne Benoît Dattin, responsable communication de la firme, lors d’une conférence de presse tenue le 16 novembre. Les données complémentaires fournies confortent le très bon profil toxicologique et environnemental de notre molécule. » Ces données, par ailleurs, concernent la période de floraison pour laquelle les produits ne sont pas autorisés : « Ils ne le sont pas non plus cinq jours avant la floraison, précise Stéphanie Fournol, chef marché insecticides. Cette mesure d’extrême précaution a été préconisée par Dow AgroSciences. »

Auditionné ce même 16 novembre dans le cadre de la mission d’information parlementaire sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, Roger Genet, directeur général de l’Anses, a précisé que si l’Agence avait autorisé le sulfoxaflor en France, « c’est parce que l’évaluation, tant pour la santé humaine que dans les conditions d’emploi pour la santé des abeilles, permettait d’utiliser ce produit comme une alternative chimique insecticide qui présentait plus d’avantages que les produits aujourd’hui utilisés. »

Une polémique fondée sur des contrevérités

Les AMM délivrées par l’Anses ont créé une polémique, des ONG qualifiant le sulfoxaflor de néonicotinoïde, nuisible pour les pollinisateurs. « Or, le sulfoxaflor n’est pas un néonicotinoïde. Il présente une structure chimique et un site d’action différents. La preuve : un puceron résistant aux néonicotinoïdes ne le sera pas au sulfoxaflor », explique Benoît Dattin. Et Stéphanie Fournol de poursuivre : « Le sulfoxaflor n’est pas persistant. Sa dégradation est effective en quelques jours dans le sol et dans l’eau, en quelques heures dans l’air. Il se dégrade également rapidement dans les plantes et ne génère pas de résidus toxiques. Son utilisation est possible pour le marché de la baby food. »

Une solution attendue par la profession

Pour Frédéric Marque, responsable technique insecticides chez Dow AgroSciences, le sulfoxaflor, qui appartient à une nouvelle famille chimique, est attendu par les agriculteurs. « Les spécialités insecticides se raréfient, les néonicotinoïdes vont être interdits et les résistances aux pyréthrinoïdes de synthèse se développent fortement. »

Le sulfoxaflor, qui ne présente pas de résistance croisée avec les autres solutions chimiques du marché, cible les insectes nuisibles « piqueurs-suceurs » (pucerons, cicadelles, aleurodes, cochenilles). « Ces nuisibles provoquent, sur de nombreuses cultures, d’importants dégâts directs et indirects, avec notamment la transmission de multiples virus. Ces dégâts conduisent à des pertes de rendement, voire la mort de la plante, des déclassements commerciaux… », rappelle Raphaël Rouzes, entomologiste - expert indépendant.