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Pomme de terre : récolte dans le sec, tension sur les marchés

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Dans toutes les régions, le même constat. La sécheresse est là et complique les chantiers de récolte, accentuant les risques d’endommagements des tubercules. Pour les agriculteurs équipés d’irrigation, la solution est toute trouvée : un ou deux tours d’eau avant l’arrachage. Pour les autres, le temps presse. A l’heure où les marchés restent déprimés, certains exploitants se posent la question de laisser leur production en terre si celle-ci ne trouve pas rapidement un acquéreur. A.G.

Pour les producteurs de plants aussi, la campagne est compliquée. « En cette fin septembre, les marchés sont assez calmes, explique Edouard Fourrier, responsable de la production des plants chez Desmazières. Nous n’avons encore que peu de sollicitations de la part des clients alors que traditionnellement, des positions sont prises dès le mois de juin, tant sur le choix variétal que sur les prix. Or, aujourd’hui, nos clients sont dans l’expectative. Et ce, aussi bien pour le marché français que pour l’export. Vu le contexte actuel, nous nous attendons à une baisse des volumes commercialisés. Pas d’inquiétude pour les variétés phares comme Agata ou Artémis mais en revanche, nous avons quelques craintes pour les nouvelles variétés ou pour les gros calibres : ceux-ci risquent d’avoir un peu plus de mal à trouver leur place. Nous avons hâte que l’activité démarre réellement ».

Témoignage

André Michel, agriculteur à Pouan-Les-Vallées, dans l’Aube. « 4 de mes 25 ha risquent de rester en terre si, dans les prochains jours, je n’ai pas trouvé de client.

Difficile de prendre une telle décision mais je n’ai pas d’autre choix. Je suis dans une impasse. Les pommes de terre déjà vendues sont parties entre 55 et 65 €/t. Aujourd’hui, le marché annonce 50 €/t, voire moins. Un tel prix rembourse le prix du plant, des phytos, le coût de l’arrachage mais ne couvre ni celui des engrais, ni de l’irrigation… ni de mon salaire ! Au minimum, il faudrait atteindre 100 €/t. Et pourtant, la récolte est de qualité cette année mais l’offre est trop abondante. Du coup, les négociants affichent des exigences accrues et des prix à la baisse. Côté producteurs, tout le monde n’a pas joué le jeu. Certains ont, dans un contexte déjà tendu, doublé leurs surfaces. C’est inconscient. Le consommateur doit redécouvrir le plaisir de manger de la pomme de terre mais à charge aussi pour l’interprofession de mieux s’organiser afin de ne plus subir l’influence de la grande distribution ».