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« Professionnaliser la collecte et le recyclage des plastiques agricoles », Bernard Le Moine, délégué général du CPA

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Face à un nouveau contexte international, la filière française des plastiques agricoles doit opérer un changement de braquet en se renforçant pour assurer la pérennité de l’usage du plastique en agriculture. Les coopératives et négoces jouent un rôle clé dans la collecte sélective, la qualité, mais aussi dans l’incorporation de plastique recyclé dans les produits qu’ils mettent en marché. Explications avec Bernard Le Moine, délégué général du Comité des plastiques agricoles, CPA, et président du groupe de travail Agriculture de la circular plastics alliance à la Commission européenne.

Référence appro : Pourquoi la situation est-elle aussi tendue sur le marché des plastiques agricoles ?
Bernard Le Moine
 : Depuis deux ans, la Chine a fermé ses frontières aux déchets plastiques. Même si aucun plastique agricole français ne partait en Asie, notre secteur est touché par effet de domino. L’augmentation des quantités de plastiques usagés en métropole a entraîné une baisse des prix et une perte de valeur. Certaines catégories de plastiques agricoles, plus souillés que les déchets industriels et commerciaux, n’intéressent plus les recycleurs. Cette situation est d’autant plus désolante que la filière française de collecte et de recyclage des plastiques agricoles est depuis des années exemplaire et fait référence dans le monde. À cet égard, Bruxelles étudie la possibilité d’une législation pour imposer aux États membres de gérer la fin de vie des plastiques agricoles. En métropole, nous en sommes déjà à plus de 75 % de taux de collecte grâce à l’implication volontaire des agriculteurs et de leurs distributeurs.
Malgré les efforts de tous, nous alertons nos partenaires sur cette nouvelle donne. Si nous voulons pérenniser l’usage du plastique, produit essentiel pour la production agricole et pour l’environnement, nous n’avons pas d’autre choix que de professionnaliser davantage ce secteur en améliorant nos pratiques dans l’utilisation, la collecte, la préparation et le recyclage.

R.A. : Comment la distribution agricole peut-elle jouer un rôle dans la revalorisation du secteur des plastiques agricoles ?
B.L.M.
 : La qualité des plastiques agricoles usagés collectés depuis l’origine de la filière s’améliore d’année en année. L’application et la diffusion des recommandations techniques proposées par Adivalor apportent beaucoup d’éléments de réponse. Le service de la collecte apporté par les distributeurs aux utilisateurs joue un rôle considérable dans cette amélioration des flux. Il reste bien sûr du chemin à parcourir pour gagner en efficacité technique et économique. C’est la raison pour laquelle le CPA propose d’inscrire l’utilisation des plastiques sur l’exploitation, comme chez le distributeur, dans une véritable stratégie plastique sur toute la chaîne de valeur, de la pose à l’élimination finale, en passant par les opérations de nettoyage et la chaîne logistique.
Les coopératives et les négoces peuvent jouer un rôle clé dans le conseil et la formation sur ces questions. La solution plastique ne se limite plus seulement à son utilisation selon la culture et l’itinéraire technique, mais également sur toute la chaîne pour gagner en efficacité et faire baisser les coûts, en soulageant l’agriculteur de la gestion de la fin de vie de ses plastiques et en améliorant le recyclage.
Pour finir cette boucle vertueuse, les distributeurs peuvent également inciter leurs fournisseurs de plastiques agricoles à une plus grande intégration de recyclé dans leurs produits dès que possible. L’économie circulaire commence dans les exploitations agricoles avec des produits neufs incorporant du plastique recyclé, pour une production agricole toujours plus respectueuse de l’environnement. Utilisation responsable, recyclage et intégration représentent le triptyque du bilan plastique neutre pour les exploitations agricoles françaises.

R.A. : Comment le CPA accompagne-t-il les distributeurs ?
B.L.M.
 : Nous avons mis en place la Charte 100 % APE, pour Agriculture plastique environnement. Lancée en 2015, elle reprend les éléments clés d’une gestion durable des plastiques agricoles, depuis la conception jusqu’à l’incorporation de recyclé dans les produits neufs. Avec Adivalor, nous testons également des techniques et des équipements pour diminuer les souillures, dans le cadre des projets Rafu et Cleanflex , pour un retour au recyclage agricole des films usagés, qui concerne beaucoup les maraîchers. Le CPA met aussi à disposition des distributeurs son expertise et des outils de communication. La sensibilisation de toute la chaîne du plastique est un facteur clé de la réussite de la filière de collecte et de recyclage des plastiques.

Rafu : nettoyage des films au champ lors de la dépose
Cleanflex : broyage et lavage des films sur des sites de transformation à proximité des bassins de consommation.

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