Protection des plantes : Corteva veut multiplier par trois le chiffre d'affaires de son portefeuille biocontrôle
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Actée le 31 août 2017, la fusion des groupes agro-chimiques Dow et Dupont a débouché sur la création de trois entités, qui prendront leur indépendance en 2019. Parmi elles, Corteva Agriscience, dédiée à l’agriculture, a annoncé, le 26 octobre, un investissement de 16 millions d’euros sur le site DuPont de Cernay (68). Et ce, pour la construction d’une unité de production de 4000 m² et la transformation de trois lignes de production déjà existantes. La mise en service est prévue pour septembre 2019. Ces aménagements seront dédiés au conditionnement de produits phytosanitaires dont la matière active est d’origine naturelle. Une démarche qui s’inscrit dans une volonté de « répondre aux nouvelles exigences des consommateurs en matière de qualité et de développement durable », explique Eric Dereudre, directeur Europe du Nord de Corteva.
Trois gammes de produits obtenus par fermentation bactérienne
L’usine de Cernay produira principalement trois gammes de produits naturels obtenus par fermentation bactérienne. En herbicides, le site conditionnera des spécialités à base de Spinosad - également utilisables en agriculture biologique - et de Spinetoram, pour la vigne et l’arboriculture. Ces produits sont d’ores et déjà présents sur le marché. Mais aussi des fongicides composé d’Inatreq active, luttant contre la septoriose dans les cultures céréalières. La substance, approuvée par l’Union Européenne, est actuellement en cours d’homologation en France. Le groupe espère obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) à l’horizon 2020/2021. Selon le directeur du site, Patrice Swinnen, l’usine de Cernay ambitionne de produire 10 millions de litres de fongicides à base d’Inatreq et 7 millions d’herbicides à échéance 2022.
Tripler le chiffre d’affaires du biocontrôle
Fort de son expérience en fermentation bactérienne, le groupe affiche désormais sa « grande ambition » en matière de biocontrôle - un secteur qui représente actuellement en France 5 % du chiffre d’affaires du groupe, et 3 % au niveau mondial. « La France est motrice dans ce domaine, même si les chiffres sont encore faibles. Dow et DuPont n’avaient pas un axe stratégique fort sur ces produits », explique Maxime Champion, directeur marketing chez Corteva. Le groupe vise ainsi la multiplication par trois de son chiffre d’affaires dans ce secteur d’ici à trois ans. Deux axes d’actions ont été identifiés pour atteindre cet objectif : l’accélération du développement des solutions d’origine naturelle - l’investissement à Cernay en est une illustration -, et une dynamique de partenariats pour commercialiser des solutions créées hors du groupe. « Il y a encore une appréhension chez les agriculteurs quant à l’efficacité du biocontrôle. Nous sommes plutôt dans une démarche de combinaison de biocontrôle et de produits de synthèse, pour permettre d’engager une transition agricole, avec la réduction notamment des IFT », détaille Maxime Champion.
Inquiétude sur la réglementation
Si cet investissement est une très bonne nouvelle pour le site de Cernay, Eric Dereudre a cependant tenu à souligner « l’inquiétude [du groupe] face à la position de la France sur l’agriculture », notamment à travers la loi Egalim. « Notre capacité à répondre aux demandes des agriculteurs et consommateurs français dépend alors d’un cadre réglementaire favorable à l’innovation », a-t-il ajouté.
Quant à la suspension des produits à base de sulfoxaflor en novembre 2017, Jean-Philippe Legendre, directeur de Corteva France. a affirmé que le groupe restait « mobilisé pour démontrer les vertus [de la molécule] ». Cette dernière est soupçonnée par plusieurs associations d’être un « néonicotinoïde caché ».