Réappro des intrants : la logistique va-t-elle tenir ?
Le | Agrofournisseurs
Le plus gros des approvisionnements pour les semis de printemps est livré dans les fermes. Reste à assurer le réappro. Face au droit de retrait de certains salariés, au risque potentiel de l’augmentation du nombre de malades et à la fermeture des structures de maintenance, se pose désormais la question de la logistique pour les semaines à venir. Moulins et usines d’aliments du bétail fonctionnent quant à elles en flux tendu.
« Après une période de flottement en début de semaine, les agriculteurs ont très vite respecté les consignes de sécurité communiquées par leur négoce, constate Didier Nédelec, le délégué général de la Fédération du négoce agricole (FNA). Notre priorité reste d’assurer la sécurité du personnel tout en nous organisant au mieux pour répondre à toutes les demandes des clients. Mais il est vrai que chaque nouvelle mesure gouvernementale nécessite un temps de clarification et d’adaptation. »
Encore 30 % des appro en phytos et semences à réaliser
Didier Nédelec explique que chacun a dû repenser ses méthodes de travail. « Le passage des commandes se fait désormais exclusivement par téléphone. Les livraisons se déroulent sur le parking des magasins, sans contact physique. Si l’essentiel de l’approvisionnement pour les semis de printemps est désormais assuré, se pose désormais la question du réappro. 30 % des phytos et des semences doivent encore être livrés sur site. Pour les engrais, ce chiffre atteindrait 40 %. Les firmes phytos nous assurent qu’il n’y aura aucune rupture dans la fabrication : l’activité reprenant petit à petit en Chine. »
Y aura-t-il assez de chauffeurs, assez de camions ?
La capacité logistique à assurer ces livraisons et la disponibilité en chauffeurs préoccupent aussi. Les adhérents d’Afaïa, fournisseurs de matières fertilisantes, constatent déjà « un manque de véhicules disponibles, à la fois pour la livraison des agriculteurs et des distributeurs agricoles, mais aussi en amont, pour l’approvisionnement des usines en matières premières. Dans la plupart des cas, le manque de transporteurs se complète d’une hausse incompréhensible des tarifs ! Un constat partagé par Didier Nédelec. « Certains problèmes se font déjà sentir avec des retours de camions non assurés et un prix du fret qui augmente, confie-t-il. Nous espérons que les mauvaises conditions de travail des chauffeurs routiers, mises en avant ces jours derniers, seront rapidement améliorées : ouverture d’aires d’autoroute pour se laver, aller aux toilettes et se restaurer. Quid également de la maintenance des camions si les prestataires cessent leur activité ? » Pour l’heure, plus de questions que de réponses. Dans ce contexte particulier, Didier Nédelec tient à saluer l’engagement de tous, à chaque maillon de la chaîne, pour que l’activité agricole puisse se poursuivre dans les meilleurs conditions possibles.