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Recherche : réduire jusqu’à 20 % de pesticides, c’est possible

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Il est possible de réduire d’environ 20 % l’usage des pesticides en grandes cultures pour des résultats économiques comparables : c’est l’une des premières conclusions de l’étude « Ecophyto R&D, vers des systèmes de cultures économes en produits phytosanitaires » commanditée par les ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie à un collège d’experts coordonné par l’Inra. Les résultats définitifs de cette étude seront connus en octobre. J.P.

Dans la partie consacrée aux grandes cultures, à partir notamment des données collectées chez des agriculteurs du réseau du Forum de l’agriculture raisonnée respectueuse de l’environnement (Farre), le rapport établit que l’agriculture raisonnée constitue une première étape significative dans l’optimisation de l’utilisation des pesticides. Mais pour Laurence Guichard, animatrice du groupe d’experts « Grandes cultures », il sera difficile d’atteindre les objectifs du Grenelle de réduction de 50 % de l’utilisation des produits phytosanitaires sur la « ferme France ». « L’atteinte de cet objectif nécessite la mise en œuvre de systèmes totalement revisités, conduisant à des modifications d’assolement sur le territoire ». Autre bémol formulé par le groupe d’experts : « Ces différents résultats n’intègrent ni les cohérences et contraintes d’une exploitation agricole, ni l’apprentissage nécessaire à leur mise en œuvre, autant du point de vue de l’agriculteur que de son accompagnement ». Pour Laurence Guichard, ce premier chiffrage doit être considéré comme un éclairage partiel des possibilités et des potentialités d’amélioration des pratiques et des systèmes à l’échelle des grandes cultures en France. « Ce rapport constitue une première brique à la réflexion, à laquelle les approches futures développées par les groupes « Scénarios » et « Stratégies d’acteurs » devraient donner plus de sens ».

Les résultats définitifs de l’étude « Ecophyto R&D, vers des systèmes de cultures économes en produits phytosanitaires » qui concernent outre les grandes cultures, la vigne, l’arboriculture fruitière et les cultures légumières, seront disponibles en octobre.

Jusqu’où et comment pouvons-nous nous passer des pesticides ?

Les pouvoirs publics ont souhaité étudier les différentes possibilités de limitation du recours aux produits phytosanitaires et quantifier les répercussions de leur application sur l’agriculture française.

Pour ce faire, les ministères de l’Agriculture et Ecologie ont confié d’une part, la maîtrise de l’ouvrage à la sous-direction de l’environnement et de la ruralité de la direction générale de la forêt et des affaires rurales (DGFAR) et à la direction de l’eau et biodiversité (Deb) et d’autre part, la maîtrise d’œuvre à la direction scientifique environnement, écosystèmes cultivés et naturels (ECONAT) de l’Inra.

Le principal objectif de l’étude, le volet 1, est de constituer et d’évaluer des stratégies techniques de changement de pratiques applicables à l’échelle de la parcelle, permettant de réduire la dépendance de différentes cultures aux produits phytosanitaires selon un gradient de niveaux de rupture allant d’une situation dite actuelle à une situation « culture biologique ». Les combinaisons de ces stratégies techniques constituent la base de différents scénarios pour lesquels les conséquences micro, macro et socio-économiques sont évaluées à l’échelle du territoire national. Afin de pallier les déficits actuels de données, l’étude comprend également, un volet 2, qui est la conception d’un réseau d’acquisition de références. Les 4 productions concernées par l’analyse sont les grandes cultures, la vigne, l’arboriculture fruitière et les cultures légumières.

Pour mener à bien le travail, un collège d’experts, coordonné par l’Inra, de 96 personnes désignées intuitu personae et issues de plus de 30 organismes différents, a été réuni et organisé en 8 groupes de travail et dont les 7 premiers sont responsables du volet 1 : (i) un groupe « Méthodes » chargé de la déclinaison des grandes orientations méthodologiques, (ii) quatre groupes « Productions » chargés des analyses à la parcelle par type de productions, (iii) un groupe « Scénarios » chargé de la prise en compte de la diversité spatiale nationale, et de l’intégration des résultats selon les zones géographiques et selon les entités économiques (de l’exploitation au pays), (iv) un groupe « Jeux d’acteurs » chargé d’analyser sur un plan sociologique le degré d’acceptabilité des éléments d’aide à la décision publique apportés sur le plan agronomique par les groupes « Productions » et sur un plan micro et macro économique par le groupe « Scénarios », (v) et un groupe « Réseau », responsable du volet 2, chargé de l’organisation du réseau d’acquisition de références et de la préfiguration du système d’information correspondant.

Cette démarche originale est suivie par un comité de pilotage interministériel et épaulée par un comité d’orientation. Le comité de pilotage discute des choix opérés à chaque étape de l’étude, valide l’avancement des travaux et endosse les orientations politiques décidées. Le comité d’orientation est chargé d’une part, de la prise en compte des attentes des différents acteurs de la société civile et d’autre part, du lien avec les acteurs susceptibles de contribuer à la fourniture de données ou à la participation d’experts. Le président du comité d’orientation garantit le bon déroulement du processus et assure l’interface entre le comité de pilotage et le comité d’orientation. Enfin, 2 relecteurs externes à l’étude contribuent à asseoir la rigueur de l’expertise scientifique. (source Thérèse Volay, Inra Rennes).