Recyclage des big-bags d’engrais : les non contributeurs dans le viseur
Le | Agrofournisseurs
Mise à mal par la baisse des cours des big-bags à l’international, la filière de recyclage des emballages d’engrais, gérée par Soveea et Adivalor, réfléchit à des pistes pour augmenter ses ressources. Pour cela, il faudra augmenter l’éco-contribution prélevée auprès des metteurs en marché mais également forcer les 10 % de fabricants et importateurs d’engrais qui ne jouent pas le jeu à contribuer au financement de la filière.
Régulièrement et à juste titre pointée du doigt, la pollution par les plastiques ne cesse de faire les gros titres des actualités ces dernières semaines. Sur ce point, l’agriculture peut se féliciter de figurer parmi les premiers de cordée avec sa filière de collecte et recyclage Adivalor : près de 85 % du gisement d’emballage agricole est collecté, contre 25 % en moyenne dans les autres secteurs. Mais le recyclage des plastiques est en crise depuis la décision prise en 2017 de la Chine de stopper l’importation de tout déchets plastiques recyclables. Une partie des flux a été détourné vers les pays d’Asie du Sud-Est, le reste s’accumule dans les pays d’origine. Adivalor avait fait le choix de recycler les big bags agricoles en Europe, mais ce n’était pas le cas des big bags industriels qui étaient systématiquement exportés. Les pays d’Asie du Sud-Est n’arrivent désormais plus à tout absorber. Les ports sont engorgés, les big-bags vides stockés, sans solutions de reprise : d’où un effondrement des cours du plastique du big bag. Ce dernier a perdu près de 50 % de sa valeur », souligne Pierre de Lépinau, directeur général d’Adivalor.
Serrer la vis pour les importateurs
Or, cette vente des big-bags représente habituellement près d’un tiers des ressources de la filière de recyclage des emballages d’engrais : les deux-tiers restant étant couverts par l’écocontribution directement prélevée lors de la mise en marché des produits. Elle s’élève aujourd’hui à 0,50€/t d’engrais solide acheté. « Nous allons devoir l’augmenter pour la campagne 2019-2020 », déclare François Deltour, directeur de Soveea, en charge de la gestion de l’éco contribution et du financement du programme de collecte d’Adivalor. Ces montants aident les distributeurs à assurer la collecte des plastiques. L’autre levier consiste à faire payer ceux qui ne jouent pas encore le jeu. « Aujourd’hui, il reste 10 % de fournisseurs d’engrais, principalement des importateurs, qui n’intègrent pas l’écocontribution », souligne François Deltour. Leurs emballages sont pourtant collectés, car l’agriculteur trie l’ensemble de ses plastiques, sans distinction de fournisseurs. « Aux centrales d’achat de prendre leurs responsabilités et d’intégrer la fin de vie des produits comme un critère de référencement. Certaines le font déjà », interpelle François Deltour. Aux distributeurs aussi, au travers de leurs technico-commerciaux, de sensibiliser les agriculteurs, et de privilégier les engrais qui portent le pictogramme Adivalor. Chacun a un rôle à jouer.
Vers une alliance française pour le recyclage ?
Pour régler le problème du recyclage en Europe, dans une logique d’économie circulaire, Adivalor souhaiterait une usine de recyclage des big bags en France. L’organisation va lancer un appel à manifestation d’intérêt pour regrouper tous les collecteurs de big bags autres qu’agricoles. Sont concernés le bâtiment et l’industrie comme Suez ou Véolia. « Pour l’heure, nous n’arrivons pas à les intéresser », admet Pierre de Lépinau. Mais cela pourrait changer maintenant que la filière recyclage sature à l’autre bout de la planète. Les récentes prises de position politiques, comme la feuille de route de l’économie circulaire du Gouvernement, pourrait aussi aider Adivalor à faire bouger les lignes.
Les emballages d’engrais en chiffres
- 8 000 t de plastique big bags agricoles collectées par Adivalor chaque année, soit 25 % à 30 % du gisement total des big bags en France
- Le taux de collecte actuel est de 85 %
- 93 % des emballages agricoles collectés sont recyclés